Passage hier au Bleu fouillis des mots, où Michel Baggi continue de recueillir ces livres qu'on dit d'occasion. Il y avait bien quelques mois que je n'avais hanté le lieu, et ce n'est certes pas la pénurie d'imprimés, bien au contraire, qui m'en faisait là franchir le seuil. Non, c'est toujours justement l'espoir d'une découverte qui me pousse. Je ne cherchais rien de précis et furetai dans les rayonnages, me décidant finalement (impossible de repartir bredouille) pour un petit Quignard de chez Fata Morgana (Une gêne technique à l'égard des fragments, jamais lu encore) et les Pensées de Francis Blanche illustrées par Cabu (c'est dire mon éclectisme). Et puis, comme nous discutons avec Michel, à son petit bureau-comptoir, j'aperçois sur le côté Les pierres sauvages, de Fernand Pouillon, que j'ai cherché en vain à la Médiathèque voici quelques semaines. Enchantement de cette trouvaille : ce livre, j'avais oublié que je le cherchais, et soudain il apparaît, au moment où je vais partir. Il y a quelque chose de miraculeux dans ce surgissement.
mercredi 23 mai 2007
Les pierres sauvages
lundi 7 mai 2007
Soif du poème
Soif du poème
Appel de la crue
Appel au flot sombre des mots criblés d'ajours
A la boue bouleversant le mol balancé des rives
Au tourbillon tourbeux à la tombe certaine
Que monte la hargne des troncs la clameur des biefs
Qu'elle m'emporte en sa main noire d'aragne bègue
Qu'elle précipite les nuits sur le versant lissé des jours
Qu'elle ébouriffe les toits et ventile les ruelles
Soif du poème
Appel au débord au rut des vocables
Appel aux carex à l'alliance des granits
A la morve orpailleuse qui crie dans les caves
A la madone railleuse qui saigne son lait de sphaigne
Que s'élève le calice ruineux des cimes abattues
Que ploie sous la ténèbre le vol glacé des autours
Que tranchent dans le vif les remugles des douelles
Que se fracassent les refrains sans frein des amours
Soif du poème
Appel à la griffure
Appel à la brisure des écluses
A la nue sanglante de l'éternelle souillure
A la battue des quais chancelant sous les blasphèmes
Que crachent sur le ciel le fumier du nadir
Que s'encre une phrase aux chemins de misère
Qu'elle remue mes os et me scarifie de ses rythmes
Qu'elle m'enlise loin aux sentiers de la buse
Appel de la crue
Appel au flot sombre des mots criblés d'ajours
A la boue bouleversant le mol balancé des rives
Au tourbillon tourbeux à la tombe certaine
Que monte la hargne des troncs la clameur des biefs
Qu'elle m'emporte en sa main noire d'aragne bègue
Qu'elle précipite les nuits sur le versant lissé des jours
Qu'elle ébouriffe les toits et ventile les ruelles
Soif du poème
Appel au débord au rut des vocables
Appel aux carex à l'alliance des granits
A la morve orpailleuse qui crie dans les caves
A la madone railleuse qui saigne son lait de sphaigne
Que s'élève le calice ruineux des cimes abattues
Que ploie sous la ténèbre le vol glacé des autours
Que tranchent dans le vif les remugles des douelles
Que se fracassent les refrains sans frein des amours
Soif du poème
Appel à la griffure
Appel à la brisure des écluses
A la nue sanglante de l'éternelle souillure
A la battue des quais chancelant sous les blasphèmes
Que crachent sur le ciel le fumier du nadir
Que s'encre une phrase aux chemins de misère
Qu'elle remue mes os et me scarifie de ses rythmes
Qu'elle m'enlise loin aux sentiers de la buse
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