lundi 11 juin 2012

Sois sage, ô ma Douleur

Peut-être est-il dangereux de côtoyer les sphinx ? Peu après avoir posté mon dernier billet, mardi dernier, j'ai été saisi d'une grande fatigue. Elle a duré jusqu'à dimanche, accompagnée de fièvre et de rêves délirants. Mon délire ne prend pas une forme psychédélique, il ne joue pas sur une profusion d'images plus ou moins fantastiques. Non, rien de plus abstrait et de plus desséché que le mouvement qui m'emprisonne l'esprit : ce sont raisonnements sans rationalité, bouclés sur eux-mêmes, infiniment ressassés, comme si les circuits neuronaux tournaient à vide. Le sommeil ne trouve nulle part où se loger. La volonté se recroqueville, il faut faire un intense effort sur soi pour seulement même rallumer la lumière et boire une gorgée d'eau. Et, à peine recouché, on retombe dans la spirale délirante.

Une nuit, n'en pouvant plus de ce chaos, de cette confusion, j'ai décidé de me remémorer un poème. Celui qui me vint spontanément, ce fut Recueillement de Baudelaire, Sois sage, ô ma Douleur et tiens-toi plus tranquille... Je l'avais appris par cœur voici quelques années, mais quelques vers me manquaient. Je me le redonnais dans la tête, patiemment, et petit à petit je recousus la totalité de l'admirable sonnet. Et force de la poésie, mon esprit tourmenté s'était apaisé au fil de ce travail de remembrance.

Bon allez, retour à Cavalier (je suis bien décidé à aller jusqu'au bout de sa série de conversations).


5 mai - Conversation avec Alain Cavalier à la... par lacinematheque

Dans cet opus, filmé une nouvelle fois dans sa chambre d'hôtel, Cavalier évoque ce qui fut un moment particulièrement fort de cette rétrospective, la projection de L'étrange voyage, tourné en 1980, avec Jean Rochefort et sa propre fille, Camille de Casabianca. Sur le film (que je n'ai jamais vu), on peut lire avec profit le bel article d'Olivier Bitoun sur Dvdclassik.

Pratiquement un seul plan dans cette conversation de 7' 32. La caméra est plantée devant le téléviseur de l'hôtel, branché sur CNN. Alain Cavalier fait allusion à cela à la fin du film : il se retient à peine de rigoler. C'est que cette cascade de reportages, au montage speedé, ébouriffant, est si manifestement à l'inverse de son cinéma que cela est bien sûr un effet de contraste voulu.

Le Blanc, août 2008



2 commentaires:

sylvie Durbec a dit…

Sois sage ô mon ami...toi qui donnes ces entretiens et cette photo étonnante pour nous aider à passer la journée, à traverser...
Je retrouve dans ta fatigue ton énergie aussi...

Patrick Bléron a dit…

Merci Sylvie, j'ai retrouvé la forme après cette fièvre inconnue et les images ont repeuplé mes rêves.