samedi 17 octobre 2015

De Montevideo au Kremlin, avec petit détour par Déols

Il y a quelque chose de fascinant à ouvrir un nouveau chantier d'écriture, et de voir aussitôt proliférer les coïncidences. C'est comme une éclosion soudaine, un précipité chimique, la mise à jour d'une strate archéologique dissimulée depuis des millénaires. Sitôt l'article précédent publié, je reçus le message suivant :
Surprise. Tout d'abord je ne connaissais pas du tout ce gnoir, évidemment un pseudonyme, qui s'était abonné en même temps à mon fil Twitter. Ensuite, c'était bien la première fois que quelqu'un ajoutait un de mes tweets à ses favoris. Il faut dire que je suis très discret sur Twitter, dont je me sers surtout pour m'informer, très peu pour m'exprimer. En réalité ce tweet était loin d'être récent puisqu'il informait de la publication d'un article sur Alluvions paru le 16 novembre 2012, articulé autour des Vies minuscules de Pierre Michon. Trois ans plus tard, je reçois donc enfin un écho de cet article d'Alluvions le jour même où je reprends l'écriture sur ce même blog (là, j'ai envie de mettre un point d'exclamation, ce que je n'aime pas beaucoup en règle générale, bon allez hop je le mets) !

Ce n'est pas fini (là je résiste à la tentation d'en ajouter un autre, de point d'exclamation). Me rendant sur la page twitter dudit gnoir, curieux de voir qui me fait l'honneur de se pencher sur ma prose, je vois que l'inconnu (qui a choisi un portrait magrittien comme avatar) est basé à Montevideo, en Uruguay. Et c'est donc l'Amérique du Sud encore qui fait signe à travers cette localisation. Cela résonne d'autant plus avec l'histoire de Victoria Ocampo et Roger Caillois que plusieurs de leurs lettres sont postées de Montevidéo, ainsi la lettre de Caillois du 21 octobre 1940, écrite de l'Hôtel Nogaro, Plaza de la Constitucion.

Par ailleurs, je réalisai aussi que l'article sur lequel j'avais reçu un commentaire l'autre jour n'était pas lui non plus anodin, en effet il présentait rien moins que trois portraits de femme en noir et blanc, à savoir Lauren Bacall, Jane Russell, et surtout Consuelo Suncin Sandoval, celle qui devait épouser Antoine de Saint Exupéry le 23 avril 1931.

Consuelo en 1942 à Montréal (Wikipedia)

Pourquoi surtout Consuelo ? Eh bien parce que Consuelo, comme Victoria Ocampo, est argentine. Enfin, ce n'est pas tout à fait exact, car elle est salvadorienne, issue d'une des sept familles les plus riches du pays, propriétaire de plantations de café, mais elle s'est mariée avec Gomez Carrillo, écrivain guatémaltèque, naturalisé argentin et consul d'Argentine, dont elle sera veuve très vite, dès 1927 (il était, il est vrai, de trente ans son aîné). Et c'est à Buenos Aires où elle est retournée pour régler des problèmes de succession, que la rencontre a lieu avec Saint Exupéry (il la demande en mariage dès le premier jour).

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Si l'on voulait un exemple de ce qu'on peut faire de bien aujourd'hui avec Facebook, on pourrait citer la page d'André Markowitz. Le post qu'il a écrit aujourd'hui autour d'un poème d'Ossip Mandelstam est absolument remarquable. La traduction, l'interprétation, la discussion autour de chaque mot, des sonorités choisies, tout cela est vibrant d'intelligence et de sensibilité. Et me donne encore plus envie de me jeter dans la lecture du roman de Robert Littell déniché à Noz la semaine dernière, L'hirondelle avant l'orage, sous-titré le poète et le dictateur, qui raconte le défi insensé lancé par le poète au maître du Kremlin, à Staline.

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Le frichti avant Carthage encore, septembre 2015.

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