C'est un peu court comme bio, mais l'exercice ne me fait pas envie ce soir.
Juste envie d'ajouter que cet écrivain-là est un des plus attachants que je connaisse. Enfin, je ne le connais pas, je ne l'ai jamais connu. Je ne le connais qu'à travers ses notes, ses "papiers collés", et maintenant ses poèmes.
J'ai acheté vendredi Une vie ordinaire (Poésie/Gallimard).
Il appelle ça roman poème. Lui qui n'a jamais écrit de roman.
Je le lis chaque jour, un poème ou deux ou trois, pas plus, à haute voix.
Ce matin, par exemple, j'ai lu ça :
"(...)J'aime cette simplicité de ton, et j'aime ce blé bleu qui pique aux jambes.
J'aimais me sentir dans le vent
dans le blé bleu qui pique aux jambes
le blé n'est pas bleu je le sais
mais un mot en amène un autre
et tout a la couleur du ciel
quand notre œil est en nouveauté "
Un peu plus tard, je termine un livre déniché à Noz, arts primitifs, arts populaires, arts premiers, de Michèle Coquet. Elle évoque les peintures de sable des chamans navajos (sand paintings), en citant Tony Hillerman, dont j'ai lu autrefois quelques-uns des polars dont les héros étaient des Indiens : un jeune homme, encore en apprentissage, réalise une peinture sèche nommée Voie de la Bénédiction. Il chante tandis qu'"un filet de sable bleu coule de ses doigts pour former l'extrémité de la plume accrochée à la corne gauche du soleil :
Le Soleil sera créé, on dit que c'est prévu comme ça.
Le Soleil sera créé, on dit qu'il a tout prévu.
Son visage est bleu, on dit qu'il a tout prévu.
Son front sera blanc, on dit qu'il a tout prévu."
Le sable, en général, n'est pas bleu ; le visage du Soleil, en général, n'est pas bleu.
Blé bleu, sable bleu, j'ai aimé cette rencontre à distance entre le chaman navajo et le poète qui aimait la moto et les bistros.
....Dans ce petit bistro tout seul
Dans l’éternité de l’espace
Une clochette à l’entrée
Trois marches pour dégringoler
Dans l’ombre des choses humbles...
C'était un petit extrait des Poèmes bleus.
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