Je reviens sur l'un des personnages secondaires de Chien de printemps, de Patrick Modiano, le musicien Jacques Besse, dont l'existence fut loin d'être un long fleuve tranquille. J'ai continué à chercher, et j'ai découvert qu'il était aussi l'auteur d'un récit, La grande Pâque, publié dans la petite maison d'édition La Chambre d'échos. Une courte note biographique sur le site nous en apprend un peu plus sur Besse :
Jacques Besse est né en 1921. Études secondaires brillantes, hypokhâgne. Il s’enfuit de chez lui pendant la guerre pour se cacher avec sa future femme. À la Libération on le retrouve à Paris, compositeur. Il signe quelques musiques de films (Dédée d’Anvers, d’Yves Allégret, Van Gogh, d’Alain Resnais) et pour le théâtre (Les Mouches). Au retour d’un voyage seul, à pied, jusqu’en Algérie en 1950, sa vie bascule. Hôpitaux psychiatriques, prison, dérives éthyliques. Gravement blessé au cours d’une rixe, invalide, il fait un long séjour à l’hôpital, puis à la clinique de La Borde où il ne cessera de revenir et restera de 1985 à sa mort, en juin 99. Son œuvre musicale est presque entièrement perdue.
Le livre est ainsi présenté (et je sens que je ne vais pas tarder à le commander) :
Paris 1960, du vendredi au lundi de Pâques. Jacques Besse, sans logis, le ventre vide, déambule de Montparnasse aux Buttes-Chaumont, d’Austerlitz à Sébastopol, passant et repassant par Singe-des-Prés, le cœur de la ville. Marcheur halluciné, insomniaque et fragile, il sillonne les rues et nous entraîne sur un rythme cassé, heurté. À la fois acteur et spectateur de ce parcours que « ses fiancées » viennent hanter, il est comme ivre de son texte à mesure qu’il le vit, sa faim nous tenaille, vraie faim d’amour et de reconnaissance.La musique de Besse n'est pas complètement perdue, on peut l'entendre par exemple dans le film d'Alain Resnais sur Van Gogh, que l'on peut heureusement revoir sur You Tube :
« J’entre à Singe-des-Prés comme un hareng défaille. Il y a péché dans les œufs si cette chaleur qui me prend le cœur est contredite. Je m’enfouis dans les rues au sud de la Seine. Quartier des Beaux-Arts. Pas un franc. J’ai affreusement soif et rien à foultre. J’y découvre au hasard un ancien ami, il est bourgeois mais bon artiste. « Bonjour. Tu n’aurais pas cent balles ? » Il a peur, ce salaud, mais me les lâche. J’ai cent francs et cherche voluptueusement un zinc. »
Et c'est Jacques Besse qui compose également la musique de Un monsieur me suit dans la rue, interprété par Barbara :
Le cœur a ses mystères :
Je m’suis prise de passion
Pour un homme, un gangster,
Qu’a de la conversation ;
Et quand je vais chez lui,
Je dois faire attention.
Je sais qu’on le poursuit
Pour le mettre en prison.
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