mardi 7 avril 2020

Por el arco de Elvira

                                                       Por el arco de Elvira

                                                       quiero verte pasar

                                                      Para saber tu nombre

                                                       y ponerme a llorar.


                                                      ¿Qué luna gris de las nueve

                                                      te desangró la mejilla?

                                                      ¿Quién recoge tu semilla

                                                      de llamarada en la nieve?

                                                     ¿Qué alfiler de cactus breve

                                                      asesina tu cristal? 

Federico García Lorca, Gacela del mercado matutino

Résumons-nous. Une dérive initiée à partir des poésies du fulgurant écrivain chilien Roberto Bolaño nous a conduits à cette étonnante résonance des couvertures des essais de Giordano Bruno et Paul Virilio. Le carré inscrit dans le triangle, retrouvé aussi dans le monolithe du jardin public de Déols, célébrant le don d'un ginkgo biloba, l'arbre résilient à la bombe atomique larguée sur Hiroshima. J'ai déjà indiqué que j'avais acquis Le Banquet des Cendres au retour de mon séjour à Grenade. D'ailleurs, quand j'en ai repris la lecture, j'ai retrouvé le marque-page que j'y avais glissé à l'époque, qui m'avait été donné quand j'avais acheté dans une librairie de livres anciens le Divan del Tamarit, un recueil de poésies de Federico García Lorca. Cette librairie, du nom de Sostiene Pereira, se situait tout près de la Puerta Elvira, évoquée par Lorca dans le poème ci-dessus. Un gros chat placide en gardait l'entrée devant des piles imposantes de livres


Sostiene Pereira (Pereira prétend), ce n'est pas de l'espagnol, mais de l'italien. C'est le titre d'un roman d'Antonio Tabucchi, publié en 1994, qui se déroule au Portugal pendant la dictature de Salazar, avant la seconde Guerre mondiale. J'avais aimé cet enchevêtrement : moi, un petit Français dans une librairie andalouse portant un nom italien racontant une histoire se déroulant au Portugal.

Ceci étant dit, j'ai découvert dans L'horizon négatif, le livre de Virilio que m'a apporté Nunki Bartt, un marque-page que je lui avais donné à mon retour, qui représentait la colline de l'Alhambra vue des hauteurs du quartier de l'Albaycin. Il aurait pu le glisser dans n'importe quel autre livre, l'enlever avant de me le prêter, ou le fourrer dans un tiroir. Non, il était là, et donc les deux volumes non seulement résonnaient par leur couverture, mais arboraient l'un et l'autre un marque-page hispanique.



Ceci me fit penser à cet autre livre acheté à Grenade la veille du départ :


Un livre sur les monuments les plus significatifs de Grenade dans leurs rapports géométriques et symboliques, où les auteurs proposent une archéologie mathématique cherchant à déchiffrer les intentions secrètes des constructeurs. Volume magnifique, richement illustré, mais tout  en espagnol. Avouons-le tout net, je n'ai fait jusqu'à présent que le feuilleter.
En tout cas, sur cette couverture encore, le triangle était bien visible.


Mais, me dira le lecteur exigeant et attentif, où est le petit carré dans le triangle ? Sur cette photo, en effet, on le distingue mal. Il faut prendre une autre vue de la façade de ce palais que l'on appelle la Casa de los Tiros.


On voit alors que le centre de la figure tracée sur la couverture du livre correspond précisément à un carré (placé également au milieu d'un segment reliant deux autres figures, un triangle et un cercle).

Pour aller plus loin sur cette piste prometteuse, je vais devoir me plonger dans l'étude du monument. En attendant, écoutons donc le poème de Lorca chanté par Carlos Cano, sur des vues de l'Alhambra :



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