« Sur la base des comparaisons ADN effectuées par le médecin légiste en collaboration avec la police cantonale valaisanne et le ministère public, les dépouilles rendues par le glacier ont été formellement identifiées. Il s’agit de monsieur Marcelin Dumoulin et de son épouse Francine Dumoulin, âgés de 40 et 37 ans, disparus tragiquement le 15 août 1942. » (cf. Le Monde)
Les corps ont été retrouvés proches l’un de l’autre, avec à leurs côtés des sacs à dos, une bouteille, un livre et une montre. |
La photo un peu tronquée de cet article apparaît à la fin du premier récit du livre de Sebald, Les émigrants.
Jean Prod'hom écrit en post-scriptum de son article :
"J’apprends à l’instant que les corps rendus jeudi dernier par le glacier de Tsanfleuron ont été identifiés. Il s’agit d’un couple de Savièse (VS) disparu le 15 août 1942, Francine et Marcelin Dumoulin parents de sept enfants.
Francine et Marcelin se rendaient dans un alpage situé sur le territoire bernois. Monique sa fille se souvient de ce jour où elle vit pour la dernière fois son papa et sa maman, c’était le matin du 15 août 1942, le jour de l’Assomption. Ils lui ont donné la tâche de s’occuper de ses jeunes frères et soeurs avant de s’engager dans la vallée, à pied, elle avec son costume de l’époque, des bas noirs et des souliers cloutés, il faisait grand beau ce jour-là, un ciel bleu à n’en plus finir, son papa et sa maman sont partis en chantant, ils chantaient tout le temps. Lui avait une voix de ténor, il chantait n’importe quoi, Verdi, il chantait tout le temps.
La police valaisanne a découvert près de leurs corps un sac à dos, une montre et une bouteille. Un livre aussi, dont on n’a pas cru bon donner le titre. On a hâte de le connaître. Les Émigrants ?"
"C'était l'une des plus grandes de l'endroit ; non loin de l'église entourée d'un cimetière gazonné planté d'ifs et de pins écossais, elle se cachait dans une rue tranquille derrière un mur à hauteur d'homme et un fourré inextricable de genévriers et de lauriers du Portugal."
"C’était un vieil homme qui soutenait sa tête sur son avant-bras replié et semblait abîmé dans le spectacle du petit carré de terre qu’il avait juste devant lui […] Mais ce n’est que lorsque nous fûmes près de lui qu’il s’aperçut de notre présence et se redressa, quelque peu confus […] I was counting the blades of grass, dit-il pour excuser sa distraction. It’s a sort of pastime of mine. Rather irritating, I am afraid."
Ce vieil homme est le Dr Henry Selwyn. Mais nous n'en saurons pas plus sur lui pour le moment. Surviennent trois épais chevaux blancs, dont on apprend qu'il les a "achetés l'an dernier à une enchère de chevaux qui les aurait sans doute menés directement chez l'équarrisseur." En piteux état lors de leur acquisition, Herschel, Humphrey et Hippolytus (ce sont là leurs noms) se sont bien rétablis et "ils ont peut-être encore quelques bonnes années devant eux." Il ne les a donc achetés que pour les préserver de la mort probable et imminente, mais ceci n'est que suggéré. Ensuite, le docteur emmène ses hôtes "dans les coins les plus reculés de la propriété", jusqu'à un boqueteau de pommiers dont il offre à Clara "une douzaine de ces fruits sortis d'un conte de fées [...] précisant que la variété portait judicieusement le nom de Beauty of Bath".
Pommes Beauty of Bath |