samedi 19 août 2017

# 198/313 - Tout est toujours en train de changer

"La seule chose qui ne changera jamais, c'est que tout est toujours en train de changer."
Yi Jing

Le Yi Jing, contrairement à ce qui est encore souvent colporté, n'est pas un instrument de divination, mais bien plutôt un manuel d'aide à la décision. Il ne dit pas ce qui va advenir, mais nous éclaire sur les potentialités d'une situation. "Interroger le Yi Jing, précise Pierre Faure, consiste à faire le point des énergies en présence à un moment donné, comme un acupuncteur prend les pouls pour connaître l'état de son patient ou un aviateur survole un paysage pour en avoir une vue plus large qu'à l'ordinaire."
Pour ceux qui voudraient poursuivre la recherche sur cette question, je veux signaler, outre l'excellent petit livre de Cyrille Javary déjà cité, Les rouages du Yi Jing (Picquier poche, 2009), la somme (plus de mille pages) du Yi Jing, le Livre des Changements, traduction complète du chinois par le même Cyrille Javary (commentée avec l'aide de Pierre Faure), parue chez Albin Michel en 2002.
Je veux citer enfin un extrait de l'introduction de Pierre Faure, qui jette un éclairage sur le rôle du hasard dans la consultation du Yi Jing :
"Si la fréquentation du Yi Jing ne doit pas être considérée comme un obscurantisme archaïsant, qu'en est-il de l'intervention du hasard ? S'en remettre à une manipulation aléatoire pour prendre une décision, n'est-ce pas là, au regard de la raison, le comble de la démission ?
Une telle critique ne survient que lorsqu'on se refuse à considérer le fonctionnement du psychisme dans sa globalité. Elle ne saurait venir en tout cas d'un Chinois pour qui le hasard se pense comme une mise en relation. Elle ne proviendrait pas non plus de ceux que n'effraie pas l'intrusion d'un élément inattendu ou a priori anormal : de l'amoureux des nombres par exemple, qui sait bien qu'un changement d'échelle fait apparaître des analogies insoupçonnées ; ou d'un amateur de fractales, qui voit la structure de l'arbre entier dans celle de la plus petite de ses feuilles.
Tout esprit avisé sait combien la saisie qu'opère l'activité mécanique de la conscience peut être dommageable à la perception du réel. Des démonstrations pertinentes de ce dernier point ont été fournies par Jean-François Billeter*, pour qui l'arrêt du contrôle qu'exerce la conscience permet à notre subjectivité de retourner à une forme d'activité plus complète et plus spontanée. La création d'un lien analogique entre l'état actuel de notre présence au monde et le corpus défini des hexagrammes semble être de cet ordre, dans la mesure où elle actualise, par le biais de la mémoire , de l'imagination ou de l'intuition, une partie d'un savoir latent mais inutilisé, beaucoup plus vaste que celui qui nous sert à produire ordinairement notre réalité." (p. 24)

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* De Jean-François Billeter, on peut lire en particulier l'excellent petit livre Un paradigme, dans la belle petite collection des éditions Allia (2012).

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