lundi 6 septembre 2021

Nous allons gagner deux minutes de lumière (Ajour 1)

"Il me semble que c'est par ta présence que je me mets à écrire. Pas sous ton influence, par ta présence."

Ito Naga, Dans notre libre imagination, Cheyne éditeur, 2020, p. 42.

Le 28 juillet dernier, j'ai consacré un article à ce beau recueil de poésie de Frédéric Forte, Nous allons perdre deux minutes de lumière. Un titre apparu à l'écoute d'une émission de radio : "Nous allons perdre deux minutes de lumière" a dit la présentatrice de la météo en parlant de la journée du lendemain. Et j'ai su que je tenais le titre d'un livre." Alors, cela m'a amusé de lire hier, dimanche, au retour d'Aigurande, dans le petit livre de l'astrophysicien poète Ito Naga, ce petit fragment :

Ce mercredi 23 janvier 2019, le soleil se couchera à 17 h 29, soit deux minutes de jour en plus par rapport à hier. Demain, il se couchera à 17 h 31, soit deux minutes de jour en plus par rapport à aujourd'hui.

Deux minutes de jour en plus, c'est beaucoup ou ce n'est pas beaucoup ? 

Deux minutes.

Du jour en plus.


Ce livre venait de Poitiers, Pauline l'avait offert la veille à sa grand-mère, qui l'avait lu aussitôt (ce qui m'avait un peu surpris de sa part, elle qui, le même jour, disait qu'elle avait peu de goût à lire). Aussi l'ai-je emporté pour le découvrir à mon tour. Quelque chose voguait d'une génération à l'autre.

Le fragment précédent m'interpelle également :

"En sortant du musée où se trouve L'Empire des lumières à Bruxelles, j'ai pris le bus numéro 27 en direction du quartier "Andromède". C'est aussi le nom de NGC224*, la grande galaxie spirale la plus proche de la nôtre. Puis je me suis arrêté en chemin."

 L'Empire des lumières, c'est ce tableau de Magritte qui juxtapose un paysage urbain nocturne et un ciel bleu nuageux et lumineux. Le réalisme de la peinture accentue le paradoxe, l'oxymore visuel mis en scène par l'image. Me revient en mémoire bien évidemment cette visite des tableaux de Magritte aux Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, en octobre 2015 (voir l'article Le mariage de minuit).

Cette présente petite note, qui se situe comme en dehors des grands fils narratifs et thématiques que je suis depuis des mois, est comme un pas de côté, un aparté, un ajour (au sens de la trouée dans le motif de broderie). Il est vraisemblable, maintenant que plus de temps m'est donné pour sacrifier à l'écriture ici-même, que ces ajours se feront plus fréquents. 

Pour finir en ce jour, le dernier fragment du livre d'Ito Naga :

"Et comme un enfant dans le métro, nous regardons vers le haut, nous nous tournons vers ce ciel transparent et les planètes cachées pour comprendre ce qui nous entoure. Ou pour laisser courir librement notre imagination. Cela nous apaise comme de caresser un chat."

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* NGC224, Ito Naga, Cheyne éditeur, 2013.


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