C'est bien de dessiner tout le temps. J'ai pour habitude quotidienne, quoi qu'il se passe, de dessiner au moins une heure par jour, ce qui me passe par la tête d'une part, et des dessins d'observation d'autre part. C'est une manière d'entretenir cet état de conscience différent qu'impose l'activité du dessin, exactement comme un musicien travaille chaque jour son instrument (pardon de citer une nouvelle fois "Le maître ignorant" de Jacques Rancière, qui évoque "le travail inlassable pour plier le corps aux habitudes nécessaires, pour commander à l'intelligence de nouvelles idées, de nouvelles manières de les exprimer; pour refaire à dessein ce que le hasard avait produit, et retourner les circonstances malheureuses en chances de succès..."). Tous les problèmes de l'homme viennent de ce qu'il s'arrête en chemin. Le Corbusier parlait de la notion, qui lui paraissait essentielle, de "continuité quotidienne".Je ne suis pas dessinateur, mais de temps à autre, il me plaît de dessiner, sur la page blanche du carnet qui fait face à celle où j'écris, où parfois je colle une photo, un prospectus, un ticket, la trace quelconque d'une visite. Parfois c'est donc un dessin, le plus souvent une reproduction, une copie d'un dessin existant, et je prends beaucoup de plaisir à cet exercice, même si le résultat n'est pas terrible.
J'aime que mes enfants dessinent. J'espère qu'ils dessineront encore longtemps, et même qu'ils dessineront toujours, ne serait-ce qu'un peu, comme moi, à l'occasion. Tous les enfants dessinent, et puis un jour, pourquoi ? ils ne dessinent plus. Et c'est un peu d'enfance qui se fait la belle.
Mittens (Violette, janvier 2012)
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