lundi 16 janvier 2012

«Je ne dis les autres que pour mieux me dire moi-même»

Carnet Mondrian (suite), 7 mai 2011.

"Cynthia Fleury, La Fin du courage, Fayard.

"Le sujet peut bien être fragmenté, synonyme de plusieurs âmes, traversé par nombre de sentiments contradictoires, il n'en demeure pas moins que la séance tenante du courage crée l'illusion de l'unité ou de la cristallisation." (p. 47)


"Le courage, d'une certaine manière, c'est déjà cela : cette injonction de compresser le dispersé en soi, à créer l'unité du moi -certes illusoire mais pourtant si opérative. L'autre nom d'un rendez-vous avec soi-même." (p. 48)

"La fin du courage politique ou moral signe l'émergence du ça pulsionnel, infantile, non distancié d'avec soi-même et producteur des barbaries les plus triviales et assourdissantes." (p.56)

"Le sage, encore qu'il se contente de lui-même, veut pourtant avoir un ami, ne serait-ce que pour exercer son amitié, afin qu'une vertu si grande ne reste pas inactive (...)" Sénèque, Lettre à Lucilius, IX.

Sur la terrasse, dans la brise tiède
qui agite les feuillages
du prunier et des lauriers
 
***
D'un tel collage de citations, on se demande toujours si cela peut avoir une utilité. Traces d'une lecture fervente, ces phrases ont été écrites dans le carnet comme pour être mieux assimilées. En fait l'oubli passe très vite, les efface comme aiguilles sur la dune. Les reprendre là sur ce blog, c'est leur donner une nouvelle chance, de persister en mémoire ou d'ensemencer d'autres champs. Un autre peut-être y trouvera l'écho d'une recherche personnelle.

De l'usage des citations, je découvre aujourd'hui une réflexion sur Jeu de construction, le blog que Paul Cox a tenu en 2005, lors d'une exposition à Beaubourg (merci à Camille G. pour le lien) :
Sans doute y aura-t-il dans ce journal beaucoup de citations. Par exemple le titre de ce premier chapitre en comporte une. Je ne suis pas sûr de l'exactitude de ces citations, car elles seront le plus souvent faites de mémoire. La citation, c'est une excellent «prétexte» (ce qui vient avant le texte, ce qui amène le texte). Un auteur que j'aime plus que tous, Montaigne, et qui faisait grand usage de citations, s'en expliquait ainsi : «Je ne dis les autres que pour mieux me dire moi-même». Et j'ai lu récemment que Jacques Lasalle, un homme de théâtre que j'aime beaucoup aussi, dispensait son enseignement à partir de citations, qui lui servaient de tremplins pour développer sa propre pensée.
Et je ne résiste pas à l'envie de citer ce second passage :

(...) j'ai collé dans un coin cet incroyable juxtaposition du visage de Harpo et d'une gargouille de la cathédrale d'Autun, non loin de laquelle je passe pas mal de temps, dans mon atelier de campagne.



La ressemblance est troublante! C'est amusant d'essayer de toujours tout comparer, de faire des rapprochements inhabituels entre ce que l'on observe et ce que l'on conserve dans sa mémoire.
Je suis en train de lire, sur la recommandation de mon cher ami Alain Goulesque qui dirige l'école d'art de Blois, dont je reparlerai certainement sous peu car un projet m'y attend bientôt, le merveilleux livre de Jacques Rancière "le Maître ignorant", et je tombais tout à l'heure sur ces mots: "l'élève doit tout voir par lui-même, comparer sans cesse et toujours répondre à la triple question: que vois-tu? qu'en penses-tu? qu'en fais-tu? et ainsi à l'infini."


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