Le 30 novembre, j'avais commencé la lecture de Cabala, Led Zeppelin occulte, de Pacôme Thiellement, paru en 2009 chez Hoëbeke dans une collection dirigée par Philippe Manoeuvre, avec une préface de Philippe Manoeuvre (on n'est jamais aussi bien servi que par soi-même), lequel Philippe Manoeuvre n'hésite pas à écrire "Led Zeppelin existe et Pacôme Thiellement est son prophète."
J'y retrouvais rapidement les thèmes essentiels de la pensée de Pacôme Thiellement, la portée métaphysique de la culture pop, le rôle de la gnose et son pouvoir transformateur. Le résumé de la quatrième de couverture reprenait cette idée d’œuvre au noir qui m'était apparu avec l'essai d'Hester Albach :
"Traversée de formes empruntant à trois sources fondamentales (blues, musiques celte et orientale) Led Zeppelin reste le symbole sans équivalent d'une société secrète rock.
Plongeant dans le corpus zeppelinien des neuf albums mythiques, Pacôme Thiellement propose une relecture gnostique de l'Oeuvre au Noir de Jimmy Page, sorcier vite dépassé par les forces principes mises en branle par son groupe.
Aujourd'hui encore, Led Zeppelin exerce une fascination sans équivalent sur la culture pop.
En voici les raisons profondes..."
Après la rédaction de l'article # 294, où j'avais donc terminé mon propos sur l'évocation de Dürer et de sa célèbre gravure de la Mélancolie, j'abordai le chapitre quatre, intitulé Chiaroscuro, autrement dit le clair-obscur : terme de technique picturale dont Thiellement use pour qualifier la musique de Led Zeppelin : "Une musique qui comprend beaucoup de dynamiques, de contrastes et de polarités, des moments d'ombre pesante et des instants de lumière éblouissante." Un peu plus loin, il écrit que le chiaroscuro est également"un contre-poison permanent pour les états mélancoliques ou saturniens dans lesquels plongent les philosophes et les artistes ; un talisman contre la tristesse provoquée par les trop longues études ; un mouchoir tendu pour éponger les larmes de crocodile du sensuel esseulé ; une main tendue vers le solitaire rempli d'images du monde ; une fontaine de jouvence pour l'individu ascétique et austère que le sérieux de sa réflexion a temporairement desséché et prématurément vieilli." A l'appui de son interprétation, il convoque Le Printemps de Botticelli, qu'il voit "comme une fête et une célébration presque chamanique", comme "un porte-bonheur hermétique", une magie naturelle pour éviter de tomber dans la dépression saturnienne.
La chanson In The Light procède de la même sollicitude. Robert Plant, écrit-il, y "évoque la vue pacifiée que l'on peut avoir de sa propre vie, la capacité de s'élever hors des tréfonds de notre âme pour s'observer soi-même, au milieu des changements et des souffrances amoureuses, avançant à la lueur de la lumière intérieure : "Et si tu sens que tu ne peux aller de l'avant, dans la lumière tu trouveras la voie". Cette lumière intérieure naît de l'amitié et se voit renforcée par la lumière de l'ami. Loin de s'adresser à la solitude de l'homme seul, In The Light s'adresse à ce qu'il a de commun avec les autres solitaires. Si Friends conseillait la prodigalité, In The Light est comme une main fraternelle, tendue en retour. "Je vais partager ton fardeau", répond à "la meilleure chose au monde que tu puisses faire, c'est de sourire à un homme seul". Les deux chansons résonnent entre elles ; elles sont les deux faces du miroir d'une même inspiration."
Et que vois-je au-dessus de cette dernière phrase ? La Mélancolie de Dürer. Pas de commentaire particulier, la gravure seule, la même que celle apparue quelques heures plus tôt à la suite de cette recherche provoquée par cette plaque 444 achetée à la brocante des Marins.
Et ce ne fut pas la seule coïncidence.
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