mercredi 13 décembre 2017

# 297/313 - Physical Graffiti

Une autre figuration du quadruple quaternaire chez Led Zeppelin réside dans la formidable pochette du double album Physical Graffiti, composée à partir de la photographie en sépia de deux immeubles new-yorkais, 96 et 98 St Mark's Place, et pourvue de fenêtres permutables.

En réalité les immeubles sont hauts de cinq étages, mais un étage a été rogné pour les besoins de la cause.

"Les pochettes intérieures, précise Pacôme Thiellement, sont au nombre de quatre (une par face de disque) et reproduisent les images de ces immeubles en lui ajoutant des fenêtres qui présentent un certain nombre d'images ou de saynètes symboliques. Ainsi l'album peut présenter à l'auditeur quatre permutations différentes offrant chacune une différente association de seize images distinctes ( +1 masquée par la pochette extérieure), soit, au complet, 64/68 images différentes, donnant évidemment le change aux intercesseurs magiques de la pochette de Sgt. Pepper et intégrant un chiffre (1964-1968) qui correspond à la période prophétique ultime  de la pop music précédant immédiatement l'époque de l'oeuvre zeppelinienne."

Un site consacré au groupe présente un autre son de cloche : il m'apprend que cette pochette fut créée par les designers Mike Doud et Peter Corriston, et reprenait le concept de l'album "Compartments" (1973) du chanteur pop latino José Feliciano, "avec des illustrations apparaissant derrière les fenêtres d'une maison (d'ailleurs assez semblable à l'immeuble de Physical Graffiti)." En ce qui concerne les illustrations, le rédacteur de la notice n'est guère dans la ligne interprétative de Thiellement, écrivant qu'"on retrouve un peu de tout et n'importe quoi", et il cite "Elizabeth Taylor en Cléopatre, Marcel Duchamp, Buzz Aldrin, Marlene Dietrich, Laurel ; Hardy, Charles Atlas, Jerry Lee Lewis, King Kong, Buster Crabbe (Flash Gordon), la vierge Marie, Lee Harvey Oswald, le couronnement d'Elizabeth II (sur les quatre coins inférieur droit), une scène du Magicien d'Oz, etc. Également Peter Grant et les membres du Zep, dont certaines photos prises par Roy Harper au Hyatt Hotel (renommé "Riot House" après le passage du groupe...) de Los Angeles en 73 les montrent déguisés en drag queen." Et il ajoute pour faire bonne figure : "Quant à la signification de la pochette, il est assez vain d'en chercher une, d'autant plus que le concept n'émane pas du groupe lui-même... Tout au plus auront-ils choisi les illustrations des fenêtres." 
Une des sous-pochettes
Si je ne suis absolument pas certain que les 64/68 images renvoient à la période 1964-1968, comme le suggère Pacôme Thiellement, il me semble en revanche indubitable que cette architecture hyper-symétrique a été pleinement voulue. Pour le 40ème anniversaire de l'album, Jimmy Page a d'ailleurs proposé un clip vidéo offrant de visiter chacune des pièces de l'immeuble, autrement dit il s'agit de seize clips en un, élaboré autour de la version brute, le « rough mix » « Brandy and coke » de Trampled Under Foot. On peut passer ad libitum d'une scène à une autre grâce au petit carré en bas à gauche de l'écran. Qui m'évoque évidemment le carré magique de Dürer.



Je réalise qu'à partir de ce billet, il n'en reste plus que seize pour achever le projet Heptalmanach.
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Le jeu avec le quatre continue dans le bandeau latéral du site :

Par ailleurs, le mail d'un ami (daté du 06/12) m'a conduit sur un flashmob, où le 44 et le 444 étaient à l'honneur :


Je ne peux m'empêcher également de voir dans ce do re mi à la gare d'Anvers un clin d'oeil à celui qui m'a conduit vers ces quaternités récurrentes, à savoir Rémi Schulz.
Et ce lieu même, la gare d'Anvers, est riche pour moi de réminiscences de Sebald (cela me ravit toujours de retrouver Sebald, au détour d'une histoire où il n'avait a priori rien à voir). Déroulant donc les articles d'Alluvions citant Anvers, je tombe sur cet extrait d'un site consulté  après avoir vu le 23 juin 2016 le film d'Arthur Harari, Diamant noir :
"En googlisant "diamant noir gare Anvers", dans l'espoir de trouver un photogramme du film montrant la gare, je tombe sur le site d'un joaillier-horloger,  Rullière Bernard, basé non à Anvers, mais à Saint-Etienne. Cela ne l'empêche pas de présenter un historique succinct de l'exploitation du diamant :

"C’est en Inde que l’on commence à extraire les premiers diamants il y a 3000 ans. On lui attribue des pouvoirs « magiques ». Il est souvent représenté comme « le fruit des étoiles » ou provenant de sources divines. D’ailleurs le mot diamant vient de Adamas qui signifie Invincible. Aussi il est utilisé comme amulette et talisman. Il est pendant très longtemps exclusivement réservé aux Rois européens qui ornent leur couronne. Il faut attendre 1444 pour que Charles VII offre à Agnès Sorel le premier diamant taillé connu à ce jour."*

Et un peu plus loin, après avoir détaillé l'histoire de la taille des diamants, le site précise qu'en Europe celle-ci s'effectue surtout à Anvers, et devinez quoi, c'est une photo de la gare qu'on choisit pour illustrer l'article :
 * C'est moi qui souligne.

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