lundi 14 janvier 2013

Horizons perdus

A Violette, huit ans aujourd'hui. 

Horizon. L'éloignement par rapport à l'horizon fournit la mesure parfaite, le mètre infaillible pour évaluer le désir.
Il serait vain de croire qu'en atteignant la ligne qu'il occupait nous découvririons la moindre trace de son séjour. Il a tout ramassé : les meules, les perdrix, les glaneuses, les châteaux d’Épinal, les ardoises, la belle qui dormait. Et nous avançons toujours, pèlerins, têtus, poètes. (André Hardellet, Les Chasseurs I )

Dans le prolongement du dernier billet s'inscrit celui-ci. C'est Modiano encore qui en est le déclencheur. Une lecture devenue presque addictive, mon éther à moi, ma neige comme dit Jeannette dans ce dernier roman parcouru, Jeannette Gaul, dit Tête de mort. Ce dernier roman c'est Dans le café de la jeunesse perdue, titre emprunté à une belle phrase de Guy Debord. Il est sorti en 2007. Encore une histoire d'amour avec une jeune femme perdue, ici Jacqueline Delanque, dit Louki. Un café, Le Condé, où se retrouve toute une jeunesse bohème, habitués venant souvent un livre à la main. "Mais elle, au début, elle avait toujours les mains vides. Et puis, elle a voulu sans doute faire comme les autres et un jour, au Condé, je l'ai surprise, seule, qui lisait. Depuis, son livre ne la quittait pas. Elle le plaçait bien en évidence sur la table, quand elle se trouvait en compagnie d'Adamov et les autres, comme si ce livre était son passeport ou une carte de séjour qui légitimait sa présence à leurs côtés. Mais personne n'y prêtait attention, ni Adamov, ni Babilée, ni Tarzan, ni La Houpa. C'était un livre de poche, à la couverture salie, de ceux qu'on achète d'occasion sur les quais et dont le titre était imprimé en grands caractères rouges : Horizons perdus."

Ce premier narrateur - le livre en comporte quatre - se méprend : Louki ne garde pas ce livre par simple conformisme, pour se mieux faire accepter des autres. On apprend plus tard que c'est le premier livre que lui a prêté Guy de Vere, un homme mystérieux "très versé dans les sciences occultes" et qui organise chez lui des réunions et des sortes de conférences. Et le sujet du livre, on l'apprend de Louki elle-même, qui est l'une des voix du livre : "Beaucoup plus tard, Guy de Vere m'a fait lire Horizons perdus, l'histoire de gens qui gravissent les montagnes du Tibet vers le monastère de Shangri-La pour apprendre les secrets de la vie et de la sagesse.  Mais ce n'est pas la peine d'aller si loin. Je me rappelais mes promenades de la nuit. Pour moi, Montmartre c'était le Tibet. Il me suffisait de la pente de la rue  Caulaincourt.  Là-haut, devant le château des Brouillards, je respirais pour la première fois de ma vie."

Ce livre n'est pas comme on pourrait le croire une pure invention de Modiano. Il n'en donne pas l'auteur, qui est James Hilton, et ne dit pas non plus qu'il existe un film portant le même nom, tourné par Franck Capra en 1937.



Lost Horizon 1937 - Bienvenue à Shangri-La par AldousH

 

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