Bonnefoy la fait traversièrecomme rue oumaisonou petiteplutôt passagèrejamais mensongèrele Coran la saluela Bible l'accueillela huppe sur la pierreécriteà sa façon fauvede saluer avril
→ Suite de 2 - Le fils perdu (mais peut se lire indépendamment)
Je reprends le fil de mes sept articles numérotés (aspiré par d'autres motifs, j'en avais différé la suite, qui représente tout de même presque une dizaine de billets ).
« Cinq cents millions d’oiseaux survolent les collines de Beit Jala chaque année. Ils voyagent depuis la nuit des temps : huppes, grives, gobe-mouches, fauvettes, coucous, étourneaux, pies-grièches, combattants variés, traquets motteux, pluviers, souimangas, martinets, moineaux, engoulevents, hiboux, mouettes, faucons, aigles, milans, grues, buses, bécasseaux, pélicans, flamants roses, cigognes, tariers pies, vautours fauves, rolliers d’Europe, cratéropes écaillés, guêpiers, tourterelles des bois, fauvettes grisettes, bergeronnettes printanières, fauvettes à tête noire, pipits à gorge rousse, blongios nains. »
Les oiseaux sont l'un des thèmes omniprésents du livre (ce n'est pas par hasard que l'illustration de couverture en reprend le motif). Alors, oui, en résonance avec qui ou quoi ? Eh bien, avec un entretien découvert ce même jour où je commençais la lecture du livre, entretien donné à Télérama par la philosophe belge Vinciane Despret. Elle y évoque sa rencontre dans le désert du Néguev, en Israël, avec l'ornithologue Amotz Zahavi. "Alors que les articles scientifiques consacrés à l’altruisme chez les oiseaux se ressemblaient plus ou moins, les siens détonnaient sacrément. Il assurait que dans le monde du cratérope écaillé, un passereau qu’il étudiait, les individus dominants offrent parfois des cadeaux aux dominés afin d’asseoir leur prestige. Un comportement singulièrement sophistiqué, alors à peine reconnu chez les primates ! Voilà qui paraissait abracadabrant… Cet oiseau était-il réellement différent des autres ? L’ornithologue qui l’observait fabulait-il ou avait-il vu ce que ses confrères étaient incapables de voir ? Et dans ce cas, pour quelles raisons ?" De cet échange, elle en tirera un livre, La Danse du cratérope écaillé, naissance d’une théorie éthologique, éd. Les Empêcheurs de penser en rond, paru en 1996.
« La troupe fit la traversée du désert, s’arrêtait le soir dans les villages les plus petits et les plus isolés possible. On déroulait un grand tapis et on installait une série de caisses en tôle ondulée, cependant qu’un des acteurs faisait sonner le tambour. Un public se formait, et la troupe commençait son spectacle, une adaptation de La Conférence des oiseaux, inspirée d’un poème allégorique de Farid ud-Din Attar, où des marionnettes illustraient l’histoire des oiseaux du monde se réunissant pour essayer de se choisir un roi.Dans la pièce, chaque oiseau incarne un défaut humain qui empêche l’homme d’atteindre les lumières. Le plus sage d’entre eux, la huppe, propose qu’ils essaient tous ensemble de trouver le Simorgh, la légendaire créature perse, afin qu’ils puissent accéder aux lumières.Le texte, adapté par Brook et Jean-Claude Carrière, faisait une place aux sons et aux mouvements aléatoires. Pendant le spectacle, les acteurs – dont Helen Mirren et Yoshi Oida – poussaient des chants d’oiseaux exotiques et sautaient dans des cartons vides répartis autour du tapis : une danse de la poussière. »
« Pour le soixantième anniversaire de la création d’Israël, la huppe – loquace, mouchetée, avec un long bec et une aigrette lissée vers l’arrière – fut choisie comme oiseau national.Lors du vote, Shimon Peres, le président israélien, se dit seulement désolé que le plus sioniste des oiseaux, la colombe, n’ait pas été retenu.D’après Nurit, c’était une des phrases les plus perverses qu’elle eût jamais entendues, même si, ajoutait-elle, ce n’est pas pour rien que le nom Peres, en hébreu, signifie « gypaète barbu ». »
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