samedi 15 avril 2017

# 90/313 - La croix de saint André

Cette croisée diagonale des chapelles et des châteaux n'est autre que la croix renversée, la croix en X dite croix de Saint-André, dont le nom vient du grec Andreios, homme. Selon Guy-René Doumayrou, cette croix est un « Rappel de l'«animal à figure d'homme aux quatre visages » d’Ézéchiel, elle évoque d'abord l'homme écartelé sur la roue, supplicié de l'injustice aveugle aux échafauds de la société, mais aussi, plus près des principes, l'être microcosmique divisé et réduit à ses quatre éléments, ou quatre membres, pour être reconstruit sur un niveau supérieur d'existence, comme l'image du sautoir déjà le suggérait. C'est ce qui vaut à l'apôtre André (traduisez du grec : le messager-homme) d'être le saint patron de tout vrai chevalier destiné, comme le martyr, à chercher sa liberté dans le sacrifice de sa propre intégrité. » (Géographie sidérale., p. 80)

La croix de Crozant signe en définitive l'union du temporel et du spirituel, la mission du seigneur s'engageant à être le héraut et le défenseur de l’Église, et qui met son épée et son courage au service de la Foi.
Crucifixion de saint André, Juan Correa de Vivar (1540-1545), musée du Prado.
Le chevalier est l'égal du martyr, écrit Doumayrou, et cela n'est pas anodin : les saints évoqués jusque-là sont tous des martyrs. Un vitrail de la cathédrale de Chartres consacré à saint Pantaléon est ainsi visible dans la chapelle du chœur dite des Martyrs.
"Saint Étienne occupe le centre de la chapelle (baie 13) en sa vertu de premier martyr. A sa droite se trouvent des martyrs célébrés dans la région chartraine: saint Chéron (baie 15), Saint Savinien et saint Potentien, considérés comme les évangélisateurs du diocèse. A sa gauche, trois saints d’origine orientale, liés par le caractère héroïque de leur résistance aux tortures et souvent associés à saint Étienne: saint Pantaléon (baie 11), saint Théodore et saint Vincent (baie 9). Pantaléon est un médecin, Théodore un militaire, Vincent un diacre, trois figures tutélaires donc, qui protègent contre la maladie, la guerre, le mal intérieur. De nombreux points communs lient saint Pantaléon à saint Vincent: tous deux subissent dans la légende le supplice de la croix de saint André, sont visités dans leur prison par un ange; leur corps est veillé par des animaux, puis jeté à la mer, une meule autour du cou. Le souvenir de saint Pantaléon est aussi lié à celui de Charlemagne: on rappelle au Moyen Age en effet que c’est l’empereur qui fit venir des morceaux de ses reliques d’Orient pour les répartir ensuite dans différents sanctuaires occidentaux." (Centre international du vitrail de Chartres) [C'est moi qui souligne]
Médaillon 10 - Pantaléon attaché par des cordes à une croix de saint André, torturé par deux bourreaux.

Médaillon 18 : le supplice de la roue

Le saint, dénudé, est attaché solidement par des cordes sur une roue verte munie de pointes d'acier : un dispositif qui n'est pas sans faire penser à la machine de La colonie pénitentiaire de Kafka. Dans le médaillon suivant, la roue vole en éclats et tue cinq cents païens.

Médaillon 28 : Dernière prière de Pantaléon
Après avoir échappé à la croix, au plomb fondu, à la noyade, à la dévoration par les bêtes sauvages et à la roue, Pantaléon est condamné in fine par Maximien à la décapitation. Alors qu'il prie au pied d'un olivier, une colombe lui apparaît, sous le regard médusé des deux soldats chargés de l’exécution et qui vont dès lors se convertir. Une colombe que nous allons bientôt retrouver dans le prochain épisode de cette quête pantaléonienne.

Aucun commentaire: