"Situé sur les communes de Baraize et Gargilesse, ce petit barrage de type poids-rectiligne fut mis en service en 1933. Il mesure 18,50 m de haut, pour une longueur de 125 m. Son nom lui vient d’un rocher tout proche qui ressemble à un moine encapuchonné (Source).
Un moine encapuchonné... Il me revient les paroles du fou Triboullet qui pour seule réponse à l'interrogation de Panurge sur son mariage, branla la tête et dit : "Par Dieu, Dieu, fol enraigé, guare moine, cornemuse de Buzançay." Ce que Pantagruel interprète ainsi : "Il vous dict, "Guare moine". Sus mon honneur que par quelque moine vous serez faict coqu." (je rappelle qu'à quelques kilomètres en amont se trouve le village de Montcocu).
Ce rocher du Moine est présent dans une autre légende rapportée par Jean-Louis Desplaces (lui-même abbé). Il n'est pas seul, il a deux comparses, les rochers du Cerisier et de Gayot, et n'est guère recommandable. A l'origine, ce sont trois hommes changés en pierre. "Un jour, un braconnier entend un sifflement : c'est l'un des géants qui prévient les autres. Il court vers sa demeure mais les trois géants écrasent sa maison et sa grange. Dans sa fuite éperdue, il passe le barrage, se frappe la poitrine, fait un signe de croix : il est sauvé. Les trois géants vont immédiatement reprendre leur place et leur immobilité."
George Sand l'évoque aussi dans ses Promenades autour d'un village :
"En remontant le cours de la Creuse par des sentiers pittoresques, on trouve, à chaque pas, un site enchanteur ou solennel. Tantôt le rocher du Moine, grand prisme à formes basaltiques, qui se mire dans des eaux paisibles ; tantôt le roc des Cerisiers, découpure grandiose qui surplombe le torrent et que l’on ne franchit pas sans peine quand les eaux sont grosses."Un peu plus loin, elle n'a de cesse de vanter le caractère singulier de Gargilesse, dont elle affirmera in fine qu'il vaut bien l'Italie pour le traitement des phtisies, sans les inconvénients et les coûts du voyage :
Toute cette région jouit d’une température exceptionnelle, et particulièrement le village de Gargilesse, bâti, comme nous l’avons dit, dans un pli du ravin et abrité de tous côtés par plusieurs étages de collines. La présence de certains papillons et de certains lépidoptères qui ne se rencontrent, en France, qu’aux bords de la Méditerranée, est une preuve frappante de cette anomalie de climat, enfermée pour ainsi dire sur un espace de quelques lieues, dans le ravin formé par la Creuse. C’est comme une serre chaude au milieu des plateaux élevés et froids qui unissent le bas Berry à la Marche (...)La température est-elle toujours aussi exceptionnelle ? L'algira et le gordius, papillons méridionaux, hantent-ils encore les buis de Gargilesse ? J'ai des doutes mais on peut toujours rêver...
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