Calendrier d'un psautier, St John's College, Cambridge, MS K.26, fol. 41v |
Et je m'émerveille de ce que Gargilesse, porteur de la symbolique gargantuesque de la gorge, soit sur la cuspide (pointe) du signe du Taureau dans le zodiaque neuvicien. Avec cette coïncidence orographique que le village se situe pour ainsi dire à la sortie des gorges de la Creuse, dans la vallée de son affluent nommé lui aussi Gargilesse, sans doute parce que son cours est aussi très encaissé.
Et, dressant cette carte, je me suis avisé que sur le parcours de cette Gargilesse se tenait le hameau de Foy, sur l'exact parallèle de Gargilesse le village. Foy qui, bien sûr, nous évoque Conques. Et je me demande si cela n'est pas l'indice d'une similitude perçue de longue date avec la cité du Rouergue. Gargilesse et Conques, toutes les deux étapes sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle, présentent en effet selon moi beaucoup de ressemblances. Et en premier lieu, en ce qui concerne la configuration géographique. Comparons les plans :
"Le village de Conques s'est fixé sur ce terrain en pli, là où le Dourdou, affluent du Lot, rejoint le torrent de l'Ouche perpendiculaire. Au point de rencontre de ces deux cours d'eau s'est formée une sorte de cirque, une "conque" dominée par les horizons tabulaires des plateaux environnants boisés et rocailleux." (Marie Renout, Renaud Dengreville, Conques, p.8)
George Sand découvrit Gargilesse avec émerveillement un soir de juin 1857. Elle la décrivit comme une "petite Suisse". Comme à Conques, nous sommes adossés à la pente idéalement ensoleillée, sur la rive droite d'un torrent qui s'en va se fondre dans les eaux plus profondes de la Creuse.
"C’est un nid bâti au fond d’un entonnoir de collines rocheuses où se sont glissées des zones de terre végétale. Au-dessus de ces collines s’étend un second amphithéâtre plus élevé. Ainsi de toutes parts le vent se brise au-dessus de la vallée, et de faibles souffles ne pénètrent au fond de la gorge que pour lui donner la fraîcheur nécessaire à la vie. Vingt sources courant dans les plis du rocher, ou surgissant dans les enclos herbus, entretiennent la beauté de la végétation environnante." (Promenades autour d'un village)
Bien sûr les deux cités diffèrent par mille détails, et l'église Notre-Dame ne saurait rivaliser avec l'abbatiale Sainte-Foy, mais un semblable ancrage dans l'espace, un même équilibre des masses bâties avec les reliefs verdoyants aux entours, une lumière si pareillement distribuée et surtout une sensation ici comme là d'être dans un doux refuge de beauté à l'abri des remuements angoissants du monde, tout cela a dû frapper plus d'une fois l'esprit d'un pèlerin aux yeux et au cœur ouvert. Le hameau de Foy serait alors comme la marque discrète de ce compagnonnage essentiel des deux stations sur la route des fins dernières.
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