mardi 4 avril 2017

# 80/313 - Encore un peu de Paterson

Avant de poursuivre la série rabelaisienne, petit interlude équinoxial (autrement dit, revue de lecture au retour de la médiathèque Equinoxe) sous forme de triptyque.
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Après avoir traîné du côté de la littérature anglophone, je rapporte Poésie complète de George Oppen, édité en 2011 dans la Série américaine, chez José Corti. Oppen n'est plus un inconnu pour moi depuis la lecture de La pipe d'Oppen, de Paul Auster, où le grand poète américain avait figure tutélaire. Ouvrant le livre, je découvre que le traducteur, Yves di Manno, est également le traducteur de Paterson de William Carlos Williams, édité aussi dans la même collection chez José Corti.


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Je ne suis pas seul apparemment à être obsédé par le 7, le 77, le 777...
En ouverture de la bande dessinée Les week-ends de Ruppert et Mulot (Aire Libre/Dupuis, 2016), on peut lire ceci :


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Cahiers du cinéma, février 2017. Entretien avec Enrique Vila-Matas, Vivre dans la fiction. En préambule, Nicolas Azalbert précise qu'une semaine après la rencontre, l'auteur catalan revenait, dans sa chronique "Café Perec" du journal El Pais, sur Paterson de Jim Jarmusch. Chronique intitulée "Paterson dans Paterson", où il écrit :
"Paterson écrit des poèmes pour fazer horas, comme disent les Portugais, c'est-à-dire pour les mêmes motifs pour lesquels parfois nous lisons : pour tuer le temps. Et aussi parce que, pendant qu'il conduit son bus et élabore ses vers, il parvient à ce que vie et art coïncident. Paterson, le film, est une déconcertante merveille au milieu de la vulgarité du cinéma de notre temps. Quant à Paterson, l'homme, il ressemble parfois à l'ombre de Robert Walser, créateur "d'histoires réalistes sans action". Mais Paterson n'aspire même pas à publier ce qu'il écrit. Et en cela il est encore plus humble que Walser, ce qui est déjà beaucoup dire."
Image trouvée en faisant une recherche d'images sur Vila-Matas (vila matas pais cafe perec paterson) donc sans aucune mention du 77. Mystère du moteur de recherche (il s'agit d'une chronique de blog)
Dans l'entretien, j'extrais ce passage fort intéressant sur les références littéraires et cinématographiques, qui ont le même statut pour Vila-Matas :
"Quand j'étais dans ma chambre d'hôtel Rue Vaneau à Paris, je regardais par la fenêtre et je me disais : "Quelle rue ennuyeuse !" Mais j'ai commencé à me concentrer sur cette rue, à chercher des informations et j'en ai trouvées. Je continue encore d'en trouver. Ce qu'on me raconte sur la rue Vaneau me paraît sans fin. Et pourtant, au premier aspect, c'est une rue où il ne se passe rien.

Ces relations, ces connexions entre références font penser au montage : juxtaposer deux plans qui n'ont apparemment rien à voir pour créer un nouveau sens, une nouvelle réalité. Ces connexions permettent de construire du sens face au chaos et à l'absurdité du monde.

Toutes les choses que je rencontre me renvoient à d'autres choses. La littérature cherche toujours la cohérence face au chaos. Mais le chaos aussi est intéressant. [...] Si j'ai des lecteurs, c'est parce que je combine le chaos et la cohérence, c'est un équilibre difficile à trouver.

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