Alain, Propos,1910, p. 81.
#1 Après août, j'ai fort peu écrit ici, me contentant de remplir quelques carnets dont la publication n'était pas à l'ordre du jour. J'ai fait une seule exception pour Albert Aurier, découvert fortuitement en visionnant le Van Gogh de Pialat. Néanmoins l'envie est revenue de partager avec les quelques personnes que ça intéresse une nouvelle incursion dans ce que j'ai appelé à plusieurs reprises un attracteur étrange, concept et métaphore empruntée à la théorie mathématique du chaos.
#2 Parallèlement, s'imposa un autre désir d'écriture : reprendre, sur le vénérable site des Tasons, avec l'an nouveau, une nouvelle série de fictions brèves du dimanche, sur le modèle de la fiction 1913 qui m'avait occupé pendant toute l'année 2013. Un cahier des charges de taille modeste avait régi les 52 épisodes, ordonné autour d'un certain nombre de personnages récurrents et d'une référence obligatoire à l'actualité du jour précis, un siècle avant le dimanche de publication.
View from Woolworth Building 1913 |
#3 Allais-je explorer sur le même mode l'année 1917 ? Je n'en avais pas envie, car l'année était à mon sens trop marquée par la guerre, et je ne me voyais pas reprendre mes personnages de 1913, car certains avaient bouclé la boucle, et leur destin était maintenant trop connu. C'est alors que j'ai eu l'idée de remonter d'un demi-siècle seulement en arrière : donc en 1967. Tout comme 1913 précédait la Grande Guerre, 1967 précédait 1968 qui, avec les événements de mai, allaient bouleverser l'Histoire, que l'on s'en réjouisse ou que l'on s'en afflige. Et puis c'est cette année-là que, personnellement, j'allais avoir sept ans. Une thématique autour du chiffre 7 commençait à s'imposer sérieusement.
#4 Pouvais-je mener de front les deux chantiers d'écriture ? Je cherchais obscurément un moyen de les relier. Et puis voilà que j'achetai L'almanach du ciel de la revue Ciel § espace, qui catalysa le projet : j'allais rédiger un almanach découpé sous la forme 52/313. 52 épisodes de la fiction 67, correspondant aux dimanches, restent 313 jours dans cette année 2017.
Une petite manipulation numérologique m'indiquait par ailleurs que 5+2 = 7, et que 3+1+3 = 7 également. 313, nombre palindromique, soit dit en passant, c'est-à-dire pouvant se lire à l'identique dans les deux sens. Je reviendrai plus tard sur cet aspect.
Almanach est aussi le mot qui succède à alluvion dans le Dictionnaire historique de la langue française, dirigé par Alain Rey. Il vient de al manah, "calendrier", transcription romaine d'un mot arabe d'Espagne (une telle origine métissée n'est pas pour me déplaire).
#5 Les 313 jours de semaine verront donc des chroniques dédiées à l'exploration d'un attracteur étrange, dans la définition duquel je me réserve d'entrer dans le premier numéro de la série 313. Il n'est pas impossible que de cet attracteur à la fiction 67, des rapports se tissent, ce qui serait bien dans la logique de l'affaire (ils ne seront pas forcément explicités, il importe de laisser du grain à moudre au lecteur).
Ceci dit, à cette heure, rien n'est encore écrit, à part un vague synopsis pour la première fiction, et un canevas pour les quatorze premières chroniques : c'est dire si le projet est encore fragile, et qu'il peut capoter piteusement. Annoncer la couleur est peut-être une façon de se motiver pour dégager l'énergie nécessaire pour tenir sur toute cette longueur de temps (qui me semble effrayante quand j'y pense).
#6 Cet almanach fondé largement sur le chiffre 7 sera donc nommé Heptalmanach. Pour m'aider dans cette besogne, j'ai maintenant songé à m'adjoindre des alliés. J'entends par là sept créateurs amis à qui je vais proposer dans les jours et les semaines qui viennent d'ajouter leur pierre à l'édifice.
Une fois encore, c'est un défi à relever, personne n'est au courant, et je ne suis sûr de rien.
Nouvelle traduction de François Bon |
#7 Ami lecteur, je dois aussi te prévenir que cette plongée dans l'attracteur étrange risque de ne pas te laisser indemne. Cela me fait penser à ce jeu de rôle auquel nous avons sacrifié quelques nuits dans les années 80, L'Appel de Cthulhu, d'après H.P. Lovecraft : les personnages entraient dans l'univers du mythe et l'indispensable lecture des livres maudits comme le fameux Necronomicon leur faisaient perdre des points de santé mentale. C'est à un péril de même nature que tu t'exposes, lecteur, si tu entres véritablement dans Heptalmanach, et je te conseille donc de ne pas perdre ton arme la plus subtile : ton sens de l'humour.
Ceci étant dit, rendez-vous dimanche 1er janvier pour la première fiction 67 !