Une autre figuration du
quadruple quaternaire chez Led Zeppelin réside dans la formidable pochette du double album
Physical Graffiti, composée à partir de la photographie en sépia de deux immeubles new-yorkais, 96 et 98 St Mark's Place, et pourvue de fenêtres permutables.
En réalité les immeubles sont hauts de cinq étages, mais un étage a été rogné pour les besoins de la cause.
"
Les pochettes intérieures, précise Pacôme Thiellement,
sont au nombre de quatre (une par face de disque) et reproduisent les images de ces immeubles en lui ajoutant des fenêtres qui présentent un certain nombre d'images ou de saynètes symboliques. Ainsi l'album peut présenter à l'auditeur quatre permutations différentes offrant chacune une différente association de seize images distinctes ( +1 masquée par la pochette extérieure), soit, au complet, 64/68 images différentes, donnant évidemment le change aux intercesseurs magiques de la pochette de Sgt. Pepper et intégrant un chiffre (1964-1968) qui correspond à la période prophétique ultime de la pop music précédant immédiatement l'époque de l'oeuvre zeppelinienne."
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Un
site consacré au groupe présente un autre son de cloche : il m'apprend que cette pochette fut créée par les designers Mike
Doud et Peter Corriston, et reprenait le concept de l'album "
Compartments"
(1973) du chanteur pop latino José Feliciano, "
avec des illustrations
apparaissant derrière les fenêtres d'une maison (d'ailleurs
assez semblable à l'immeuble de Physical Graffiti)." En ce qui concerne les illustrations, le rédacteur de la notice n'est guère dans la ligne interprétative de Thiellement, écrivant qu'"
on retrouve
un peu de tout et n'importe quoi", et il cite "
Elizabeth Taylor en Cléopatre,
Marcel Duchamp, Buzz Aldrin, Marlene Dietrich, Laurel ; Hardy, Charles
Atlas, Jerry Lee Lewis, King Kong, Buster Crabbe (Flash Gordon), la vierge
Marie, Lee Harvey Oswald, le couronnement d'Elizabeth II (sur les quatre
coins inférieur droit), une scène du Magicien d'Oz, etc. Également Peter Grant et les membres du Zep, dont certaines photos prises
par Roy Harper au Hyatt Hotel (renommé "Riot House" après
le passage du groupe...) de Los Angeles en 73 les montrent déguisés
en drag queen." Et il ajoute pour faire bonne figure :
"Quant à la signification de la pochette,
il est assez vain d'en chercher une, d'autant plus que le concept n'émane
pas du groupe lui-même... Tout au plus auront-ils choisi les illustrations
des fenêtres."
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Une des sous-pochettes |
Si je ne suis absolument pas certain que les 64/68 images renvoient à la période 1964-1968, comme le suggère Pacôme Thiellement, il me semble en revanche indubitable que cette architecture hyper-symétrique a été pleinement voulue. Pour le 40ème anniversaire de l'album, Jimmy Page a d'ailleurs proposé un
clip vidéo offrant de visiter chacune des pièces de l'immeuble, autrement dit il s'agit de seize clips en un, élaboré autour de la version brute, le « rough mix » « Brandy and coke » de
Trampled Under Foot. On peut passer
ad libitum d'une scène à une autre grâce au petit carré en bas à
gauche de l'écran. Qui m'évoque évidemment le carré magique de Dürer.
Je réalise qu'à partir de ce billet, il n'en reste plus que seize pour achever le projet Heptalmanach.
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Le jeu avec le
quatre continue dans le bandeau latéral du site :
Par ailleurs, le mail d'un ami (daté du 06/12) m'a conduit sur un flashmob, où le 44 et le 444 étaient à l'honneur :
Je ne peux m'empêcher également de voir dans ce
do re mi à la gare d'Anvers un clin d'oeil à celui qui m'a conduit vers ces quaternités récurrentes, à savoir
Rémi Schulz.
Et ce lieu même, la gare d'
Anvers, est riche pour moi de réminiscences de
Sebald (cela me ravit toujours de retrouver Sebald, au détour d'une histoire où il n'avait a priori rien à voir). Déroulant donc les articles d'
Alluvions citant Anvers, je tombe sur cet extrait d'un site consulté après avoir vu le 23 juin 2016 le film d'Arthur Harari,
Diamant noir :
"En googlisant "diamant noir gare Anvers", dans l'espoir de trouver un
photogramme du film montrant la gare, je tombe sur le site d'un
joaillier-horloger, Rullière Bernard,
basé non à Anvers, mais à Saint-Etienne. Cela ne l'empêche pas de
présenter un historique succinct de l'exploitation du diamant :
"C’est en Inde que l’on commence à extraire les premiers diamants il y a 3000 ans. On lui attribue des pouvoirs « magiques ».
Il est souvent représenté comme « le fruit des étoiles » ou provenant
de sources divines. D’ailleurs le mot diamant vient de Adamas qui
signifie Invincible. Aussi il est utilisé comme amulette et talisman. Il
est pendant très longtemps exclusivement réservé aux Rois européens qui
ornent leur couronne. Il faut attendre 1444 pour que Charles VII offre à
Agnès Sorel le premier diamant taillé connu à ce jour."*
Et un peu plus loin, après avoir détaillé l'histoire de la taille des
diamants, le site précise qu'en Europe celle-ci s'effectue surtout à
Anvers, et devinez quoi, c'est une photo de la gare qu'on choisit pour
illustrer l'article :
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*
C'est moi qui souligne.
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