mercredi 6 décembre 2017

# 291/313 - Les Carnets de la Méduse

1er décembre - Je viens de rédiger les deux billets précédents. Il est vingt-et-une heures passées, il est bien temps de grignoter quelque chose. J'allume la télé, elle affiche une série de France 2 que je n'ai pas l'intention de regarder mais le temps de préparer le repas, vu aussi que rien ne m'attire sur les autres chaînes, je laisse couler. Soudain, je vois le Radeau de la Méduse, de Géricault. Le tableau est au cœur de l'intrigue de cet épisode de L'art du crime.



Pour comprendre pourquoi je suis interloqué par cette apparition du tableau, il faut que je dévoile une autre divagation parallèle à celle qui se mène ici avec Alluvions. Depuis la fin de l'année 2015, je tiens en effet ce que j'ai appelé Les carnets de la Méduse, sur un carnet Whitelines à couverture noire, déniché dans ce grand magasin sélect et design de papeterie fine qu'on appelle Noz.

Tout est parti d'un rêve aux marges du cauchemar, que je traduisis alors en poème :


Ce rêve interféra avec une lecture du Walter Benjamin, 1892-1940 de Hannah Arendt (Allia, 2007) où la métaphore du pêcheur de perles me semblait en résonance avec l'affrontement avec la substance sortie de l'abysse.


Je m'avise aussi que nous sommes encore ici page 111 (et c'est la dernière de ce petit livre), et que le moment était donc peut-être venu d'amener à la lumière du jour ces "éclats de pensée" qui prennent forme autour de la Méduse, ce mythe grec qui se décline aussi en navire naufragé et en animal gélatineux de l'ordre des cnidaires. En tout cas, à partir de cette première rencontre, je ne cessai plus de croiser la Méduse sous les différentes incarnations que j'ai dites. Une pluie de méduses, et puis un beau jour plus rien. Silence radio. Dès lors, il y eut une sorte d'alternance de périodes fastes  et de périodes vides. Je ne cherchais rien, je laissais les méduses venir à moi ou bien me délaisser du jour au lendemain. Quand elles daignaient se re-manifester, j'ouvrais un nouveau chapitre. Le troisième s'était pour ainsi dire clos le 15 janvier 2017 . Dix mois sans méduse (je ne dis pas qu'ici ou là je n'en croisais pas une bien sûr, mais c'était des événements isolés, sans suite) et puis le 25 octobre dernier, avec Tigre en papier d'Olivier Rolin, ainsi que Port-Soudan, je renouais avec le phénomène (douze collisions médusées à cette date, avec celle de ce jour).

L'art du crime sur France 2, série assez moyenne au demeurant, me livrait une autre coïncidence : les deux épisodes s'intitulaient en effet L'oeuvre au noir, la transformation alchimique que je venais juste d'évoquer dans Nigredo.


Aucun commentaire: