Le dernier article De mon côté de la rive du temps a été publié le mardi 11 novembre à 23 h 08 très précisément. Au cœur d'icelui se tenait le récit de Marie Richeux, Officier radio, passionnante enquête autour du naufrage du cargo Emmanuel Delmas, en 1979, au large des côtes italiennes, naufrage où périrent 27 personnes, dont l'oncle paternel de l'écrivaine, Charles dit Charlot, qu'elle n'aura jamais connu.
Publiant donc l'article, l'affichant sur la page, je reste (comment dire ? je cherche le mot, sidéré me semble beaucoup trop fort, surpris ne me convainc pas, pas plus qu'étonné, optons pour interdit - qui ne me sied qu'à moitié), oui, je reste interdit devant la coïncidence visuelle que voici (capture d'écran effectuée à 23 h 15)
En face de l'image de couverture des Disparus de Daniel Mendelsohn, cet appel vers le site de Jean-Jacques Birgé : Phantasmata d'Eric Vernhes à la galerie Charlot. La capture d'écran était là nécessaire, car cet agencement sur la page était éphémère, le principe même de la barre latérale Autres sentes étant d'accueillir au fur et à mesure qu'ils paraissent les billets de quelques blogs dont j'ai établi depuis longtemps la courte liste. En effet, le lendemain matin, il n'y avait déjà plus trace de cette résonance avec l'oncle Charlot disparu.
Encore une fois, on peut dire qu'il ne s'agit là que d'un rapprochement fortuit, une simple péripétie du hasard. Il m'a tout de même plu d'aller plus loin : je ne connaissais pas du tout cet Eric Vernhes évoqué par J.J. Birgé, j'ai donc lu l'article, qui commence ainsi :
"Une fois de plus je suis fasciné par les créations d'Eric Vernhes. Si Meeting Philip, son hommage critique à Philip K. Dick, fait un carton à la Biennale Nemo, son exposition à la Galerie Charlot rassemble des pièces anciennes ou récentes comme Dormeurs éveillés qui s'empare d'un texte incroyable de Gaston Bachelard"Me rendant ensuite sur le site d'Eric Vernhes donné en lien, je file vers sa page bio où je lis ceci :
SINCHRONICITÉ
La
pratique artistique d’Eric Vernhes repose sur la création « d’objets
temporels ». Ce concept, issue de la phénoménologie, qualifie des
dispositifs dotés d’un mouvement intrinsèque qui épouse celui de la
conscience du spectateur. Eric Vernhes l’utilise dans son travail pour
créer un moment magique: Celui où l’imaginaire du spectateur, mis en
mouvement par l’œuvre, vient à s’incarner en elle.
Notre corps, nos émotions, nos idées sont constamment en mouvement. Confrontés au
mouvement de l’œuvre, une relation de sympathie se crée avec elle par
synchronicité. Cette relation avec un objet nous fait prendre conscience
de notre matérialité: Avant tout autre chose, et en l’absence de
démonstration de l’existence de l’âme, le spectateur est un corps, à un
moment précis, dans un lieu donné, plongé dans la contemplation de son
propre imaginaire qu’il projette dans l’œuvre. Une parenthèse s’ouvre
alors dans le mouvement incessant qui le propulse vers sa finitude. Il y
a là une expérience intrinsèquement, spécifiquement humaine:
L’expérience artistique.
Souvent l’art propose des questions. Le travail d’Eric Vernhes propose plutôt une ambition: conquérir
un niveau toujours plus élevé de conscience de nous même, de nos corps,
du monde et du temps afin de perpétuer, malgré tout les défis,
l’expérience de notre humanité.
La synchronicité étant au cœur de mes derniers articles (la notion apparaît aussi bien chez Cécile Guilbert que chez Caroline Lamarche), je suis conforté dans le sentiment que la collision visuelle repérée dans la nuit de novembre n'est pas qu'une simple facétie aléatoire.
Je remarque en outre que l'artiste a été élève de Paul Virilio : "Après un diplôme d’architecte dirigé par Paul Virilio, Eric Vernhes travaille en production cinématographique aux côtés d’Anatole Dauman (Argos films)." Paul Virilio, que j'ai évoqué à plusieurs moments, Anatole Dauman, aussi, que j'ai découvert à travers un volume chiné à Noz, en 2017.
Dans l'article du 11 novembre, je citais Laurent Demanze : "La disparition de l’oncle occasionne dans le récit des cercles concentriques : pour saisir la force de rêverie et de romanesque que suscite le mot, à la façon d’un vide entraînant nos pensées dans sa gravitation, Marie Richeux mobilise Georges Perec et Daniel Mendelsohn comme des interlocuteurs de prédilection.(...)" (Passage compris dans la capture d'écran), enchaînant sur : "Georges Perec et Daniel Mendelsohn font partie des écrivains de ma nébuleuse."Or, si l'on se rend sur le lien Georges Perec, le second article collecté est Vient me chercher sur sa moto noire, du 13 juin 2025, renvoyant lui-même à un article d'avril 2020, dont le titre est aussi emprunté à un poème de Roberto Bolaño, Sur le sentier confus et magnétique des ânes et des poètes, et comportant l'image que voici :
Or, sur la page de la galerie Charlot consacrée à Eric Vernhes, on peut voir, parmi les travaux présentées, plusieurs œuvres intitulées Horizon négatif.
![]() |
| Horizon négatif, Eric Vernhes, 2019, Acier, écran 4K, ordinateur, caméra, haut-parleur (210 x 60 x120 cm) |
On y retrouve, multiplement dupliquée, cette forme triangulaire dont j'avais pointé la récurrence dans les deux couvertures.
Trucs de Charlot, me souffle l'incrédule (qui ne croit pas si bien dire).



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