J'ai oublié de mentionner, à côté des trois films mentionnés dans le dernier article, à savoir Andalucia, Goutte d'or et La Montagne, une série diffusée en mars dernier sur Arte : White Wall, une coproduction finno-suédoise, créée par Aleksi Salmenperä, Mikko Pöllä et Roope Lehtinen (j'ai observé que les créateurs de séries scandinaves sont souvent omis par les critiques, sans doute à cause de leurs noms jugés "impossibles", ce qui est d'une grande injustice). Le synopsis est le suivant : "Dans le nord de la Suède, un mystérieux mur blanc est découvert dans les profondeurs du plus grand dépôt de déchets nucléaires au monde. Fait d’un matériau inconnu, ce mur va profondément perturber la petite communauté qui vit et travaille dans les environs."
Huit épisodes nous conduisent à une fin aussi énigmatique que l'intrigue. Certains ont adoré tandis que d'autres ont déploré la lenteur de l'action et le manque de rythme. Une des meilleurs critiques que j'ai pu trouver, celle de Brice Connan dans Les Chroniques de Cliffhanger § Co, parle de pari à moitié réussi et d'une série aussi ambitieuse que décevante. Et je le rejoins volontiers. Mais ce n'est pas vraiment la valeur intrinsèque de cette histoire qui m'intéresse ici, mais bien plutôt son caractère symptomatique. Une mystérieuse explosion, inexplicable selon les critères habituels, révèle, dans une partie de ce site qui doit accueillir des quantités prodigieuses de déchets nucléaires, une matière blanche qui au fur et à mesure de son exploration apparaît comme un mur imposant.
La nature de cette matière, analysée par un vieux chercheur aguerri, se révèle inconnue sur Terre. Et un dilemme va saisir le petit groupe de techniciens qui l'ont découverte : faut-il absolument savoir de quoi il s'agit - et donc pour cela percer ce mur blanc et lui faire accoucher de sa texture profonde -, ou bien laisser la chose en l'état par crainte de réveiller des puissances inconnues potentiellement meurtrières. Tout cela sur fond de lutte entre groupes écologistes s'opposant, de façon parfois violente, au projet d'enfouissement de déchets radioactifs, et la compagnie qui le finance et qui voit d'un très mauvais oeil cet incident qui risque de retarder la mise en service du site.
Encore une fois, ce n'est pas cette dramaturgie qui au fond me requiert, mais la simple idée de ce mur blanc au statut ambigu. Matière vivante ou non ? Dangereuse ou non ? D'où venue ? J'y retrouve cette interrogation sur la porosité entre l'animé et l'inanimé, que je vois sans cesse à l'oeuvre depuis que j'ai entamé les mémoires de Jean Malaurie, De la pierre à l'âme.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire