Le baron Étienne Félix d'Hénin de Cuvillers (1755-1841) est le premier, en 1812, à utiliser le préfixe hypn (hypnose, hypnotisme, hypnotiseur) pour rendre compte du magnétisme animal cher à Mesmer.
Mais c'est surtout après la publication en anglais en 1843 de l'ouvrage du chirurgien écossais James Braid Neurypnology ; or the rationale of nervous sleep, considered in relation with animal magnetism, que le terme « hypnotisme » se répand parmi les médecins français pour désigner un sommeil ou un somnambulisme provoqués volontairement et artificiellement. La forme courte « hypnose » qui apparaît vers 1880, d'abord pour désigner l'état hypnotique, provient d'un mot grec ancien signifiant "sommeil" : ὕπνος, húpnos (hypnos).
Dans la mythologie grecque, Hypnos est le dieu du sommeil, l'équivalent de Somnus chez les Romains. Il est le fils de Nyx et le frère jumeau de Thanatos, la Mort. Il est aussi le père de Morphée, dieu des rêves et des songes. Homère fait mention de Hypnos dans l’Iliade, pendant l'épisode de la mort de Sarpédon.
« Purifie Sarpédon, hors de la mêlée, du sang noir qui le souille. Lave-le dans les eaux du fleuve, et, l'ayant oint d'ambroisie, couvre-le de vêtements immortels. Puis, remets-le aux jumeaux rapides, Hypnos et Thanatos, pour qu'ils le portent chez le riche peuple de la grande Lycie. »
![]() |
Tête d’une statue en bronze représentant Hypnos, copie romaine d’un original hellénistique (env. 275 av. J.-C.), British Museum, Londres. |
On se souvient que Mathias Enard est venu à Berlin pour rendre visite à une amie chère (désignée par E.), victime d'un grave accident cérébral.
"En 2002, la première lettre que je reçus de E., à Barcelone, alors que nous ne nous connaissions pas encore, mentionnait (elle parlait de mon premier roman, dont elle venait d'en lire le manuscrit) les jumeaux Hypnos et Thanatos. Cette coïncidence, lorsqu'elle me revint en mémoire, lorsque me revint en mémoire ce message que j'avais oublié et dont, par une simple recherche informatique dans ma correspondance, je pus m'assurer de la réalité, cette coïncidence secoua un moment l'univers autour de moi, comme s'il s'était mis à trembler - bien évidemment le premier courrier de E. évoquait les personnages de ce roman de guerre que je venais d'achever et ne contenait aucune prémonition d'aucune sorte quant à son état actuel, mais les mots, comme l'étendue d'eau que les ondes provoquées par un caillou, par une branche, plissent jusqu'à l'infini, avaient troublé un moment la réalité autour de moi, car la seule personne avec qui j'aurai pu, alors, partager nos craintes et nos réminiscences était E. elle-même. (p. 93)
![]() |
Sur cet ébranlement provoqué par une simple (?) coïncidence, je reviendrai au prochain article.