Portrait de la reine Marysieńka avec ses enfants, Jerzy Siemiginowski-Eleuter, 1684 (dans le fond, le buste de Jan III Sobieski) |
Palais de Wilanów, 31 janvier 2018 (il n'y avait pas foule ce jour-là). |
Je ne vais pas vous faire la recension complète de la visite, ce serait bien fastidieux. Je ne parlerai là que de la porcelaine. Oui, cette fameuse porcelaine qui m'occupe si fort (devrais-je créer le hashtag #balancetaporcelaine ?) depuis la lecture du livre magnifique d'Edmund de Waal. J'en découvris toute une riche collection dans les premières salles de ce palais-musée, avec, en particulier, des pièces chinoises de grande valeur, comme ce Bouddha hilare.
Je repensai en déambulant devant ces vitrines (fort bien gardées - d'une manière générale, ce matin-là, il y avait plus de gardiens que de visiteurs, pratiquement un par salle), à toutes ces occurrences que j'avais relevées, du thème de la porcelaine dans le roman de Donna Tartt, Le Chardonneret, oui encore lui, pas moins de neuf, dont celle-ci, page 449 :
"Poser un pied dans l'entrée revenait à s'avancer sous le portail qui ramène à l'enfance : porcelaines chinoises, tableaux de paysages éclairés, lampes tamisées aux abat-jour de soie, tout était exactement comme quand Mr. Barbour m'avait ouvert la porte le soir où ma mère était morte." [C'est moi qui souligne]
Que la porcelaine arrive première dans cette description d'un lieu-phare pour le narrateur ne doit rien au hasard, on la retrouve un peu plus tard, comme signe symbolique majeur associé à son futur mariage avec Kitsey, la fille du couple Barbour :
"Des heures durant, nous avions arpenté d'un pas lourd le cinquième étage, avec une conseillère nuptiale à nos basques qui essayait tellement d'offrir un Service Parfait et de nous aider à arrêter nos choix que je n'ai pu m'empêcher de me sentir un tantinet harcelé ("un motif de porcelaine devait signifier "ce que nous sommes en tant que couple"... c'est une affirmation importante de votre style") [...] La porcelaine... (la consultante nuptiale a passé un doigt manucuré de manière neutre sur le pourtour de l'assiette). J'aime que mes couples voient la belle argenterie, le cristal fin et la porcelaine fine comme le rituel de fin de journée. Du vin, des distractions, la famille, la convivialité. Un service de porcelaine fine est un moyen idéal d'injecter chaque jour du style et de l'idylle dans votre union." (pp. 514-515)
Et sans doute y eut-il aussi lors du mariage de Jan et de la petite Marie une semblable attention à la porcelaine. En tout cas, c'est bien ce qui se passa en janvier 1747, avec le mariage de Marie-Josèphe, la fille de Auguste III, roi de Pologne et électeur de Saxe, avec le fils unique de Louis XV. A cette occasion, les deux Cours firent assaut de cadeaux prestigieux : la cour de Saxe offrit la première des porcelaines de la manufacture de Meissen uniques en Europe, tandis qu'au printemps 1749 Marie-Josèphe envoya à son père un bouquet de porcelaine, le « Bouquet de la dauphine » qui "était, selon Julia Weber, moins le geste d’une fille pour son père que la réponse de la cour de France au cadeau de Dresde. Une réponse qui devait prouver la capacité de la manufacture de Vincennes à concurrencer Meissen" (créée seulement en 1740, elle avait bénéficié dès l'origine de la protection royale). "Le mariage entre la fille d’Auguste III et le fils de Louis XV, conclut Julia Weber, marque le départ d’une véritable compétition entre Meissen et Vincennes. Cette dernière s’exprime dans un échange non verbal, celui de cadeaux royaux. D’après le marquis d’Argenson, Louis XV gagna le dernier point, le 25 janvier 1754, il écrivit dans son journal : « On voit un beau service que Sa Majesté envoie au Roi Auguste de Saxe comme pour le braver ou l’insulter lui disant qu’on a surpassé même sa fabrique ».
Il faut dire que ce roi Auguste III transpire la vanité par tous les pores. Je regrette de ne pas avoir photographié la porcelaine qui le représente de pied en cap (je ne parviens pas à en retrouver d'exemple sur le net), mais dans plusieurs tableaux, on retrouve son air infatué :
Notons tout de même que par sa fille Marie-Josèphe dont il était question précédemment, il était le grand-père des rois de France Louis XVI, Louis XVIII et Charles X.
Dernière curiosité, le maréchal de France Maurice de Saxe (1696-1750) est son demi-frère adultérin. Or, Maurice de Saxe n'est autre que l'arrière-grand-père d'Aurore Dupin (1804–1876), autrement dit George Sand, par sa fille naturelle Marie-Aurore de Saxe.
1 commentaire:
Jan III sobiesky est une marque de cigarettes très prisée en Pologne, surtout par les plus vieux contrairement aux"mars"que fume la jeunesse survitaminee. C'est un peu la "marquise" marocaine contre la "casa sport".
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