samedi 17 février 2018

Flaque 2


La pluie ce miracle
qui pour l'aveugle
fait à nouveau
exister le monde

gouttes dans la circonférence des lampadaires
cristaux liquides sur la branche
réseaux de flaques
aux accidents du bitume
vivantes surfaces
crépitements de la tôle

La pluie amante de la nuit
musique ébréchée du désir

Des autos sombres se dérobent dans la brume
emportant des femmes
qui ne sont plus fatales
que dans les rêves

Les claviers font surgir des phrases neutrinos
qui nous transpercent sans bruit
Nous n'en captons que l'onde mourante
l'ombre d'un frisson
la  mélopée longue
d'un scribe alcoolique
d'anonyme amertume

Je n'ai rien vu que le dessin des rails sur le pavé
la trace dernière d'un tram entravé
un chien traînant dans un parc
rien entendu que le râle
d'un bloc de neige sale

Derrière nos doubles vitrages
des harponneurs de néant
nous ne percevons plus la rage

Nous n'entendons plus la houle
des grimpeurs de silence
qui hissent sous l'averse
la fractale facture
de leurs blessures


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