dimanche 26 janvier 2020

Comme aux premiers jours

Il me faut revenir sur cette une de Ouest-France rapportant la mort d'Albert Camus, le 4 janvier 1960. Une que j'ai découverte en cherchant une illustration pour mon article. Me frappa immédiatement la photo un peu plus bas qui montrait  Gaston Rébuffat escaladant le "Gros-Rognon" dans la Vallée-Blanche (pour zoomer sur tous les détails, aller sur la page d'archives du journal), photo illustrant une chronique de l'alpiniste intitulé Le rêve himalayen.


Pourquoi un tel choc ? C'est que cette photo faisait directement écho à Ailefroide, l'album de Jean-Marc Rochette lu quelques jours plus tôt, et dont j'ai fait mention dans Fixer les vertiges. Écho avec le dessin de couverture, avec un même escaladeur sur la paroi verticale.



Mieux : Jean-Marc Rochette, très tôt passionné par la grimpe, lisait les récits des montagnards, parmi lesquels ceux de Gaston Rébuffat. Aussi, c'est précisément par une citation de celui-ci qu'il ouvre ce formidable roman graphique :


Il y a dans ce voisinage Camus-Rébuffat sur cette une de Ouest-France autre chose qu'un apparentement fortuit. C'est de mort dont il est question dans l'un et l'autre cas :
 

D'ailleurs, quand il commente quelques planches pour La bédéthèque idéale, Rochette l'affirme avec force : "La mort est omniprésente en montagne. Les gens le cachent, n’en parlent pas trop, mais  en discutant un peu plus sérieusement avec eux tu t’aperçois qu’ils ont perdu deux ou trois copains, un mari, un fils… Je connais quelqu’un qui, depuis quarante ans, garde la photo de son meilleur pote disparu dans son portefeuille ! Les gens du CAF (Le Club Alpin Français) auxquels nous avons montré l'album l’ont beaucoup aimé, mais n’ont pas voulu le parrainer parce qu’il y avait trop de morts."

Ailefroide, p. 241.

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