5 mai (2) - Conversation avec Alain Cavalier à... par lacinematheque
Jour 10. Cavalier s'adresse aux internautes, se filmant dans la salle de bains de la chambre d'hôtel, insistant sur les détails du quotidien, sa myopie, la vitamine qu'il prend la matin, le sac noir qui contient la caméra, etc. et puis il montre les deux livres qui ont joué un rôle fondamental dans sa vie : les Ecrits sur l'Art de Matisse, et les Ecrits de Giacometti.
Je n'ai pas lu le Matisse mais le Giacometti, oui. L'ai acheté à l'occasion d'une exposition de ses œuvres au Musée des Beaux-Arts de Lyon, le 2 mars 1995. C'est aussi dans ce musée que j'ai découvert le Jongleur de Bourges, cette extraordinaire sculpture que j'aime si fort que j'ai tenu à en faire l'emblème même de ce site.
J'avais lu Ecrits juste après ma visite. Très forte lecture, mais je n'y suis jamais revenu, personne ne m'en a jamais parlé. Et puis Cavalier, ce soir, après les verres de contact et la barre vitaminée, ce trivial qui soudain ouvre sur le sublime.
Juste un petit extrait, qui résonnera pour certains, j'en suis sûr, le début d'un texte intitulé Le rêve, le sphinx et la mort de T., paru en décembre 1946 dans la revue Labyrinthe, n°22-23 :
Effrayé, j'aperçus au pied de mon lit une énorme araignée brune et velue dont le le fil qu'elle tenait aboutissait à la toile tendue juste au-dessus du traversin. "Non, non !" m'écriais-je, "je ne pourrai pas supporter la nuit une pareille menace au-dessus de ma tête, tuez-la, tuez-la" et je dis ceci avec toute la répugnance que je ressentais de le faire moi-même dans le rêve comme à l'état de veille.
Henri Michaux écrit le poème Labyrinthe dans Epreuves, exorcismes, publié cette même année 1946.
Labyrinthe, la vie, labyrinthe, la mortJ'ai trouvé ce poème, en recherchant des traces sur le net de ce Labyrinthe suisse, sur un blog nommé Beauty will save the world. La page d'accueil, à la date du 25 mai 2012, ouvre sur Fernando Pessoa, De l'art de bien rêver, où l'on peut trouver cette phrase :
Labyrinthe sans fin, dit le Maître de Ho.
Tout enfonce, rien ne libère.
Le suicidé renaît à une nouvelle souffrance.
La prison ouvre sur une prison
Le couloir ouvre un autre couloir.
Celui qui croit dérouler le rouleau de sa vie
Ne déroule rien du tout.
Rien ne débouche nulle part
Les siècles aussi vivent sous terre, dit le Maître de Ho.
Deviens aux yeux des autres un sphinx absurde.
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