"Changer de prénom était monnaie courante pour ces gens, comme passer d'une ville à l'autre. Une blague de l'émigration, datant du début du XXI siècle, met en scène un juif qui doit prendre un nouveau nom de famille, américain. Il en invente un, et l'oublie, hat vergessen ; qu'à cela ne tienne, il s'appellera dès lors Ferguson !"
Maria Stepanova, En mémoire de la mémoire, Stock, 2022, p. 429.
"Perec instille du malaise ou du grinçant autour de ces noms venus de l'Est aux graphies complexes, facilement jetées aux oubliettes : dans Ellis Island, il évoque comment les Américains rebaptisaient en un tournemain les immigrants, rappelant l'histoire "des trois frères qui furent respectivement nommés Appletree, Applebaum et Appleberg". Ou encore celle de ce vieux juif, censé demander à s'appeler Rockefeller, et qui, devant l'officier d'état civil, balbutie en yiddish Schon vergessen ("J'ai déjà oublié ") et se voit affublé du nom de John Ferguson."
Claude Burgelin, Georges Perec, Biographie nrf, Gallimard, 2023, p. 40.
J'ai trouvé cette même histoire de Ferguson dans ces deux ouvrages, à quelques jours d'intervalle. Mais il m'est revenu aussi que je connaissais déjà l'anecdote grâce à Paul Auster, qui la mentionne dans son énorme 4321, dont le personnage principal se nomme Archie Ferguson. L'incipit du roman reprend l'histoire racontée par Perec avec plus de détails et une légère différence sur le prénom :
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