Sédelle - Août 2013 |
Dans le numéro de Mars 2013 de la NRF, D'après Proust, dirigé par Stéphane Audeguy et Philippe Forest, on trouve des extraits du journal de Laurent Nunez, journal écrit en parallèle de son roman à venir, Proust 1913. Le 8 mars 1912, il écrit :
J'ai relu et annoté les biographies de Tadié et de Painter. Trou biographique formidable, lorsque, pendant l'été 1913, Proust part avec Agostinelli pour Cabourg ; il revient en catastrophe, et catastrophé. Pourquoi ? Personne, personne n'en sait rien.Cette gravure d'Escher, nous l'avions vue dans l'avant-dernier article, Du chou à Escher. Quant à traiter les mathématiciens d'imbéciles, n'est-ce pas aussi imbécile ? Ils se sont emparés de l’œuvre d'Escher comme d'un problème géométrique, et n'avaient certainement pas la prétention d'achever l’œuvre, qui avait été voulue ainsi sciemment par l'artiste, bien évidemment.
Que s'est-il passé à Cabourg ? Pourquoi revenir lorsqu'on est avec celui qu'on aime - et pourquoi revenir avec lui, si c'est avec lui qu'on s'est fâché ? Cet hapax me séduit. Trou noir immense et qui rendrait songeur n'importe quel romancier. Faut-il l'écrire ? Inventer ? Ou laisser le vide ? (Je me souviens d'une gravure d'Escher : Exposition d'estampes. C'est une lithographie inachevée : la grille de torsion est visible sur les bords, mais l'artiste n'a pas dessiné le centre et sa terrible force centrifuge. Des imbéciles, mathématiciens, l'ont achevé ; ils n'ont pas vu qu'on ne devait pas voir le centre de la spirale.)
Laurent Nunez ne dit pas d'ailleurs s'il laissera le vide. Ce retour de Cabourg est-il le centre de la spirale proustienne ? Qu'il serait donc imbécile de découvrir.
On verra bien quand le livre paraîtra (en septembre, semble-t-il).
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