Vol de nuit celui du Lockeed Constellation F-BAZN d'Air France qui s'élance d'Orly au soir du 27 octobre 1949.
A son bord, onze membres d'équipage et trente-sept passagers, dont quelques célébrités, la violoniste prodige Ginette Neveu et le boxeur Marcel Cerdan, accompagné de son manager Jo Longman et de son ami Paul Genser. Cerdan qui part à New York avec l'ambition de reconquérir son titre de champion du monde contre le Taureau du Bronx, Jake LaMotta. Trois places prises au dernier moment, à cause de l'impatience d'Edith Piaf, qui a supplié son amant de venir la rejoindre au plus vite. Le droit de priorité accordé au champion a laissé à terre un jeune couple, Edith et Philip Newton, ainsi qu'une certaine Mme Erdmann.
Mais quelques heures plus tard, l'avion, qui devait faire escale aux Açores, ne répond plus.
On retrouvera le lendemain l'épave fracassée sur les pentes du Mont Redondo, sur l'île de São Miguel. Il n’y a aucun survivant.
"La violoniste Ginette Neveu montre son Stradivarius à Marcel Cerdan quelques minutes avant leur embarquement dans l'avion d'Air France où ils trouveront la mort." Site |
Ce drame constitue le nœud de Constellation, premier roman d'Adrien Bosc, publié chez Stock.
Constellation, c'est le nom, on l'a vu, de l'avion, mais c'est aussi la métaphore de ces quarante-huit hommes et femmes, dont le destin se croisait en cette nuit fatale. Autant de trajectoires diverses que l'auteur, après une enquête longue et serrée, s'est employé à reconstituer. Agitant une poignée de questions qui ne pouvaient me laisser insensible, je cite la quatrième de couverture :
Quel est l’enchaînement d’infimes causalités qui, mises bout à bout, ont précipité l’avion vers le mont Redondo ? Quel est le hasard objectif, notion chère aux surréalistes, qui rend « nécessaire » ce tombeau d’acier ?
Je ne suis pas certain que le hasard objectif rende jamais "nécessaire" quoi que ce soit, mais que cette notion même apparaisse dans le récit suffisait à stimuler mon intérêt.
J'ai lu ce livre presque d'une traite, car il y a quelque chose de fascinant dans l'enchaînement des circonstances, la collision des existences, les multiples échos que cette histoire propage. Et je me propose maintenant de le relire, pas à pas, chapitre après chapitre, pour continuer d'en explorer les résonances*.
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* Que Bernard Chambaz soit l'une des quatre personnes remerciées en fin d'ouvrage est l'une de ces résonances marquantes. De même le nom de l'auteur ne pouvait que m'interpeller, si proche qu'il était de celui de mon fils aîné, appartenant tous les deux à la même génération, à deux ans près.
Autre résonance : le passage en ce moment sur Arte du film de Mathieu Demy, Americano, que je citai en fin d'article.
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