A ma petite sœur, pour son courage
Dernier article avant une pause estivale que je n'avais pas programmée mais qui s'impose à moi avec force. Il me reste beaucoup de matière, mais qu'importe, le sentiment en moi grandit qu'il est presque impossible de suivre l'attracteur étrange dans toutes ses ramifications, ses accélérations et ses étoilements soudains. Cela défie le compte rendu, la chronique régulière ; cela va plus vite que nous. Et puis, après un an et demi d'écriture quasi ininterrompue, de partage sur le réseau, je suis rejoint par la mélancolie (la survenue de Dürer et de Sebald n'est sans doute pas là encore un hasard). Je vais revenir au carnet et au crayon de papier, à l'intimité et au silence. Mais avant de partir, je veux vous laisser trois cailloux blancs, trois pistes de méditation.
Tout d'abord, cet écho de l'ami Jean-Claude à mon ouvrier invisible. Concept de Luis Buñuel et Jean-Claude Carrière. Il se trouve que Jean-Claude revenait de Madrid, et de là-bas, des images rapportées de là-bas, il m'envoya celle de "cette tour de Madrid, près du Sénat, sorte de tour Montparnasse néo classique : une plaque indique, écrit-il, que Buñuel y a vécu dans un appartement (on a peine à l'imaginer, mais c'est ainsi : il voulait sûrement du confort douillet,pour lui et son ouvrier, !) et l'entrée (pour aller à Buñuel !) se perd dans un jeu de miroirs, ce qui est logique pour parler d'un fabricant d'images."
Zoomons un peu : la plaque offre la forme si familière à nos yeux du losange.
Ensuite, je ne saurais trop vous recommander de suivre l'entretien vidéo suivant de Pacôme Thiellement, sur poésie et sorcellerie (en fait, il est surtout question de poésie et bien peu de sorcellerie, on ne s'en plaindra pas). L'érudition, la profondeur de vue, l'originalité de Pacôme, rythmées par ses éclats de rire homériques, y font merveille. J'aime ce gars-là.
Enfin, quelque chose qui n'a a priori pas grand chose à voir, (mais ce n'est pas si sûr - néanmoins je ne m'attarderai pas ici à le montrer) : une émission d'Antoine Garapon de France-Culture sur l'avenir du travail, avec Alain Supiot, professeur au Collège de France, l'homme qui m'a réconcilié avec le droit, matière qui me rebutait mais dont ma perception a complètement changé après la lecture du magistral essai de Supiot : Homo juridicus. Pour mieux comprendre le monde d'aujourd'hui, l'impasse dans laquelle nous a entraîné le capitalisme et les quelques raisons d'espérer, écoutez et lisez Alain Supiot.
Les hirondelles croisent devant ma fenêtre ouverte. Passant parfois à moins d'un mètre de ce clavier. Leur grâce infinie.
Un bel été à toi, lectrice, lecteur.
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