Sur cette copie d'écran du 15 juin, en face de la reproduction d'une page du roman damasien mettant en scène Saskia Larsen, la traqueuse phonique, nous avons le titre de l'article du musicien Jean-Jacques Birgé publié le 14 juin, Quand le son devient aigu, jeter la girafe à la mer. Le son est ici l'élément central : Saskia Larsen traque les Furtifs, ces "êtres de chair et de sons", tandis que la phrase mystérieuse renvoie au premier disque du batteur et compositeur Jacques Thollot, dont Birgé affirme qu'il est "un véritable chef d'œuvre, un bijou d'intelligence et de sensibilité comme il en existe peu".
Thollot. Ce nom déjà est un quasi palindrome, thème de mon dernier billet. "Quoi qu'il fasse, écrit Birgé, Jacques Thollot était avant tout un poète, jouant des fûts et des cymbales comme on compose des vers, des vers étranges comme ceux d'Henri Michaux qu'il adorait au point d'y trouver le titre de cet album assemblé lorsqu'il n'avait que 24 ans." Par curiosité, je lis le long entretien que Raymond Vurluz et Birgé lui-même menèrent avec Thollot fin 2002 [date palindromique] pour le Cours du Temps du Journal des Allumés du Jazz. Et, dès la première question posée par Vurluz, je reconnais des résonances familières :
"Raymond Vurluz – Comment choisis-tu de jouer de la batterie ?
Je faisais une sorte de bande dessinée sur des papiers comme des rouleaux à chiottes, mais c’était pour imprimer des comptes. Ça allait dans des machines. Je faisais des immenses histoires, des cirques interminables. Et dans les cirques, il y avait la fosse d’orchestre qui était en hauteur. Il y a toujours eu un rapport avec le rouge. Il y a beaucoup de rouge au cirque. C’était entre le cirque et les Indiens. Je dessinais beaucoup d’indiens avec des tambours et les fameux boum boum boum ! Tous ces trucs, ça fascinait. Ce qui m’a carrément illuminé, c’est les reflets à Tours où j’ai de la famille, par une lucarne de chez ma cousine couturière Alice, un 14 juillet. Les pompiers défilaient, avec les tambours au premier plan. Ça m’a achevé, si je peux dire… J’étais déjà dans un domaine où il y avait tout le temps une rythmique ou quelque chose de rythmique. J’ai suivi ce qui me plaisait le mieux et ça a abouti au premier tam-tam, avec des palmiers rouges sur fond jaune et un ou deux trucs verts, des couleurs qui vont pas du tout ensemble, et au pochoir, déjà. J’avais sept ans. C’était une époque où les gens s’invitaient encore beaucoup. À chaque fois qu’il y avait une soirée à Vaucresson, les gens dansaient et c’était l’occasion, comme la musique était un peu plus forte que d’habitude, de m’éclater à jouer derrière les disques." [C'est moi qui souligne]
Pompiers, tam-tam, c'est bien sûr Arrietta qui surgit à ces évocations. D'autant plus que celui m'a fait découvrir le cinéaste madrilène, le pas encore illustre (mais ça ne saurait tarder), Nunki Bartt, est originaire de Tours (faut-il rappeler la glorieuse expédition Baxter3 en cette ville fameuse, qui déboucha sur la découverte de la magnifique Pietà du tourangeau Jehan Fouquet ?). Et il se trouve que le dit Bartt est l'auteur d'un livre unique fabriqué à Angles sur l'Anglin, L'Angles d'Alice".
Autres coïncidences : un des extraits de Damasio relatant une des traques de Saskia Larsen parle de livres sans doute "tombés ou jetés" (encadré vert), conséquences des mouvements des furtifs. Or, trois sites en vis-à-vis présentent une allusion à un tel geste de jet. "Jeter la girafe" bien sûr, mais aussi le "balance ton poste (de télé) de Diacritik et "l'atelier d'été, c'est lancé" du Tiers-Livre de François Bon.
On peut même se demander si le Aretha One Step Ahead du blog Etc-Iste de Thomas Vinau n'entre pas dans la danse lui aussi ? Aretha résonne fort avec Arrietta.
Terminons avec Jacques Thollot dont le vinyle Quand le son devient aigu, jeter la girafe à la mer est édité par Le souffle Continu, 22€ (il reste peut-être, précise Birgé, quelques uns des 111 exemplaires transparents de l'édition limitée à 111 avec un dessin original signé de Stéfan Thanneur...)*
Il y a quelque chose d'Alice in Wonderland chez Jacques Thollot : "enfant précoce, écrit Birgé, il le restera jusqu'à sa mort le 2 octobre 2014". En 1959, dans une émission télévisée Jazz Memories et l'épisode En direct du Club Saint-Germain, on peut le voir à la batterie, âgé seulement de treize ans, et jouant le standard de jazz A Night in Tunisia de Dizzy Gillespie, accompagné par des musiciens aussi confirmés que Georges Arvanitas au piano, Robert Garcia au sax ténor, Bernard Vitet à la trompette, et Luigi Trussardi à la contrebasse. C'est bluffant et très touchant.**
* 22, 111 sont également nombres palindromiques.
** A peine ai-je publié cet article que je m'avise d'une seconde coïncidence basée sur la proximité spatiale avec la barre latérale. J’écrivais donc : "Il y a quelque chose d'Alice in Wonderland chez Jacques Thollot : "enfant précoce, écrit Birgé, il le restera jusqu'à sa mort le 2 octobre 2014".Or, un peu plus bas, c'est le dernier article d'Arnaud Le Brusq sur Terre Gaste qui titrait L'enfant merveilleux.
** A peine ai-je publié cet article que je m'avise d'une seconde coïncidence basée sur la proximité spatiale avec la barre latérale. J’écrivais donc : "Il y a quelque chose d'Alice in Wonderland chez Jacques Thollot : "enfant précoce, écrit Birgé, il le restera jusqu'à sa mort le 2 octobre 2014".Or, un peu plus bas, c'est le dernier article d'Arnaud Le Brusq sur Terre Gaste qui titrait L'enfant merveilleux.
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