jeudi 20 août 2009

Sois tranquille, cela viendra !

La synchronisation ne s'est pas maintenue, ce dont je me doutais bien, car il est dans la nature de ces phénomènes d'être éphémères. Ma lecture simultanée continue néanmoins, et même plus que jamais j'en ressens la nécessité. J'ai même ajouté une nouvelle contrainte à l'exercice, celle d'apprendre par cœur au moins un poème de chaque poète traversé. Et mon choix s'est porté tout de suite, comme si cela s'imposait, sur le sonnet de Philippe Jaccottet, Sois tranquille, cela viendra !, poème intranquille, d'une beauté térébrante.

Sois tranquille, cela viendra ! Tu te rapproches,

tu brûles ! Car le mot qui sera à la fin

du poème, plus que le premier sera proche

de ta mort, qui ne s'arrête pas en chemin.



Ne crois pas qu'elle aille s'endormir sous des branches

ou reprendre souffle pendant que tu écris.

Même quand tu bois à la bouche qui étanche

la pire soif, la douce bouche avec ses cris



doux, même quand tu serres avec force le noeud

de vos quatre bras pour être bien immobiles

dans la brûlante obscurité de vos cheveux,



elle vient, Dieu sait par quels détours, vers vous deux,

de très loin ou déjà tout près, mais sois tranquille,

elle vient : d'un à l'autre mot tu es plus vieux.

(L'Effraie, éditions Gallimard)

1 commentaire:

Anonyme a dit…
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