vendredi 14 octobre 2022

Blanc 88

Dans son dernier billet, du 10 octobre, l'ami Rémi Schulz raconte que deux jours plus tôt, se rendant en matinée à Manosque, il a mis la radio, France-Culture, avec l'émission Concordance des temps, qu'il dit n'écouter "que lorsque le hasard s'y prête (en voiture)". Jean-Noël Jeanneney y recevait Michel Pastoureau, pour son livre, Blanc, histoire d'une couleur. Il se trouve que j'étais moi aussi à ce moment-là en voiture, de retour du Marais poitevin, où j'avais passé quelques jours chez un couple d'amis, et j'écoutais également  Michel Pastoureau (passionnant), qui était en direct des Rendez-vous de l'histoire à Blois, une manifestation où je vais en principe tous les ans, mais là l'amitié avait pris le pas, et je ne l'avais pas regretté.


Pour Rémi, il s'agissait d'une coïncidence : "C'est le dernier volet d'une hexalogie consacrée aux couleurs, et Pastoureau avait publié Noir en octobre 2008. BLANC NOIR = 32+56 = 88 fait partie des couples d'opposés de somme des valeurs 88, dont la recherche m'a conduit aux 88 chapitres de Loevenbruck."

Or, avant même de lire son article, j'avais noté ce même 8 octobre la récurrence du blanc sur les derniers jours. Ayant eu le plaisir et l'honneur d'être invité à trois reprises, j'avais chaque fois apporté à la maîtresse de maison (chaque fois différente) un bouquet de fleurs blanches (pas toujours les mêmes). Cela n'avait d'ailleurs rien eu d'une décision a priori. J'avais hésité chaque fois, et chaque fois j'avais opté pour le blanc, parce que c'était ce que je trouvais le plus beau sur le moment. Je songeai aussi que ce retour à Châteauroux m'avait fait passer par Le Blanc, et je m'étais arrêté à Argenton, pour donner la main sur un déménagement (l'argent, bien sûr, renvoie au blanc), 3 rue Gambetta (il semble que le 3 soit important dans cette affaire).*

J'avais aussi noté sur le trajet une invraisemblable quantité de plaques pour moi significatives, à savoir 3 777, 3 666, et un 8888 (qui entre donc directement en résonance avec les 88 de Rémi). Mais surtout, alors que je repartais d'Argenton, besogne accomplie, je photographiai un binôme 450-750. Je me suis aperçu ces derniers temps que ce sont les écarts numériques entre deux plaques qui deviennent de plus en plus prégnants. Ici, l'écart était de 300. Je n'en aurais toutefois pas parlé si, revenu à Châteauroux, je n'avais repéré dans la rue des Etats-Unis un autre binôme 127-427, lui aussi porteur d'un écart de 300** (et enfin, je notai dans ma propre rue un 827 et un 888, ceci encore une fois, je le répète, avant d'avoir eu connaissance du billet de Rémi).



Encore un détail : au moment où je photographiai les deux voitures à Argenton, un coup de klaxon me fit me retourner : c'était l'ami musicien Michel Thouseau qui m'avait reconnu, et nous discutâmes un bon moment sur le parking (je ne manquai pas de me dire en moi-même que son nom n'était pas sans quelque rapport euphonique avec Michel Pastoureau).

Rémi évoque ensuite sans transition la mort de Bruno Latour le 9 octobre : " C'était un ami de Tobie Nathan, lequel l'a introduit dans un de ses romans, Dieu-Dope, sous la forme Bruno Lareine, en référence évidente au jeu d'échecs. C'est La diagonale des reines qui m'a conduit au présent billet, et le mot "reine" a joué un rôle crucial dans mes découvertes sur Alphabets."
Bruno Latour, que j'ai évoqué également ce même 10 octobre, dans le dernier épisode de Cristal noir. Avec une prolongation, par l'ami Incrédule Doc.

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* Le 11 octobre, je reçus le livre de l'auteur que nous allons recevoir bientôt à la centrale de Saint-Maur, Matthieu Tordeur, récit de sa traversée solitaire dans l'Antarctique. Son titre : Le continent blanc.


Par ailleurs, je vis que le dernier opus de Sylvain Tesson donnait aussi dans le blanc, et on ne peut faire plus simple : le livre s'appelle Blanc.


Au moment exact où je publie cet article, le billet de blog en tête sur le bandeau latéral Autre sentes est Indian Horse de Richard Wagamese: le chef des Zhaunagush au pays des peuples premiers, de Christiane Chaulet Achour, de Diacritik. Or, le livre chroniqué se nomme Jeu blanc (Indian Horse en anglais). Extrait : "Les huit chapitres suivants (de 2 à 10) sont le récit de la vie indienne de Saul dans le contexte d’une domination par les Blancs. Il s’attarde sur son nom et le nom de sa famille en évoquant l’histoire de la venue du cheval chez les Indiens de son clan. Comme à chaque fois que la vie indienne sera évoquée, on a des pages magnifiques sur la vie d’avant. Ce sont les Zhaunagush (les Blancs) qui les ont nommés « Indian Horse » et c’est devenu le nom de leur famille. Saul date de ses 8 ans la disparition de son « indianité » lorsque la famille a dû fuir les Blancs."



** Sur le sens à donner à cet écart de 300, je n'ai pour l'instant aucune piste.

1 commentaire:

blogruz a dit…

En fait, l'article que je citais sur Tobie Nathan est une seconde version où n'apparaît plus Bruno Latour. Je viens de remettre en ligne la première version, Nathan-dez vous à savoir.