jeudi 13 mai 2021

Cri blanc dans la chute sombre d'une falaise

Oui ! Grande mer de délires douée,
Peau de panthère et chlamyde trouée
De mille et mille idoles du soleil,
Hydre absolue, ivre de ta chair bleue,
Qui te remords l’étincelante queue
Dans un tumulte au silence pareil,

Le vent se lève !… Il faut tenter de vivre !
L’air immense ouvre et referme mon livre,
La vague en poudre ose jaillir des rocs !
Envolez-vous, pages tout éblouies !
Rompez, vagues ! Rompez d’eaux réjouies
Ce toit tranquille où picoraient des focs !  

Paul Valéry, Le Cimetière marin

Certains se sont peut-être étonnés de ce parallèle que j'ai opéré entre le bleu doré de Vivonne, le roman et le poète de Jérôme Leroy et le bleu doré (disons plutôt l'or et l'azur) des icônes d'Andreï Roublev. Peut-on rapprocher sans extravagance "ce bleu doré du calme après l'orgasme" des couleurs des scènes religieuses du peintre ? Le nier serait oublier que de l'extase physique à l'extase spirituelle les ponts ont de tout temps été nombreux. Et c'est bien ce qui se passe pour l'amoureuse la plus sensuelle d'Adrien Vivonne, Agnès Villehardouin, qui avait suivi le poète en Grèce et "avait eu une révélation brutale par un midi écrasant de chaleur" :

"Adrien et elle montaient les rudes escaliers qui menaient au monastère de la Panaghia Chozoviotissa, à Amorgos. Si Adrien avait retrouvé là une illustration presque parfaite de "l’Éternité de Rimbaud et avait eu encore la confirmation qu'il fallait lire la poésie  comme un reportage sur tous les endroits où un passage était possible pour l'autre côté, le choc du site de la Panaghia Chozoviotissa avec sa façade blanche troglodyte suspendue entre cile et mer, l'immense et sourd gémissement marin à des dizaines de mètres en contrebas, avait été encore plus violent et décisif pour Agnès Villehardouin.
Elle s'était mise à pleurer, pas des larmes de désespoir, au contraire.
- Tu te souviens de Pascal, Alexandre ? "Certitude, certitude, sentiment, joie, paix. Dieu de Jésus-Christ. Joie, joie, joie, pleurs de joie." On a vu une photocopie du texte manuscrit en hypokhâgne. On aurait dit un calligramme, des lettres énormes, des lignes qui partaient dans tous les sens. Eh bien, voilà, c'est ce qui lui est arrivé, à Amorgos...
- Et ?
- Et elle m'a dit qu'elle était certaine, ici et maintenant, de l'existence de Dieu, qu'elle ne voyait pas d'autre issue que de l'adorer...
- Vous aviez fumé la moquette ou quoi ?" (p. 319)

 

Le Monastère de la Panaghia Chozoviotissa (Amorgos) - Wikipedia

Je lis dans la notice Wikipedia consacrée à Amorgos que le poète Lorand Gaspar a consacré un poème au monastère de la Panaghia Chozoviotissa, poème inclus dans le recueil Égée Judée. Or, je possède ce recueil, que j'ai déniché à Bruxelles le dimanche 25 octobre 2015, au Marché aux Puces de la Place du Jeu de Balle, dans le vieux quartier populaire des Marolles.  Quelques jours plus tard, j'écrivis un article sur ce même site : 

"Sur un étal déployant quelques centaines de bouquins, jetés dans le plus complet désordre, je trouvai mon bonheur. Même si j'en reposais finalement quelques-uns, par crainte de surpoids dans le sac à dos, je fis emplette de quatre volumes (à 1 euro pièce), quatre volumes de poésie dont trois de la NRF collection blanche. Après coup, je m'aperçus qu'ils avaient tous appartenu au même homme, A. Bozon, semble-t-il, et d'ailleurs deux, La Sainte Face, d'André Frénaud et Egée, de Lorand Gaspar étaient dédicacés par ces auteurs.


Curieusement, le nom sur la dédicace avait été effacé, gratté, et j'imaginai volontiers que le propriétaire, à coup sûr grand amateur de poésie (dont je partageai donc si spectaculairement les goûts), avait passé l'arme à gauche et que ses héritiers n'avaient pas hésité longtemps avant de balancer toute cette poésie dont ils n'avaient que faire. Cruel destin des bibliothèques privées, encore que là, grâce au Marché aux Puces, ces livres allaient connaître une nouvelle vie, de Bruxelles en Berry."

Je suis honteux, j'ai toujours remis la lecture de ce livre à plus tard, et aujourd'hui il s'impose, quarante-et-un ans après sa parution, et je lis avec émotion les vers de ce poète d'origine hongroise qui fut aussi  traducteur, photographe et grand médecin :

Monastère à pic sur nos pentes d'armoise
entre les herbes qui purgent nos troupeaux.
Sifflement d'aile du matin qui te lève
et tu cherches laborieux dans tant d'emmêlements
un son qui t'accompagne, une lame d'éclair.
Au fond des gorges une paume de mer
noire et dure patience de ton cri.

Le monastère est évoqué aussi un peu plus loin, dans le Journal de Patmos :

"Amorgos. Monastère de la Panaghia.
Cri blanc dans la chute sombre d'une falaise. Nudité brûlante, prière. Dans le bleu absolu, l'entêtement d'une poignée de chaux. La nuit venue un vent noir nous rançonne. En bas la mer se durcit sous le trépignement des étoiles."(p. 98)*

Et c'est un autre poème, de Jean de la Croix, qu'Agnès Villehardouin récite à voix basse à Amorgos, ce jour-là, raconte Vivonne à Alexandre Garnier, toujours sceptique et plus que jamais jaloux, face à la mer, tout en pleurant :

Après une blessure qui était pleine d'amour
Et qui ne manquait point d'espérance,
Je volai si haut, si haut,
Que je finis par atteindre le but

"Elle s'est retournée vers moi, poursuit Vivonne, et elle a dit, en essuyant ses larmes : "Viens, maintenant je sais J'ai envie de toi, vite" Et nous avons fait l'amour dans une lumière ocre qui rendait sa peau encore plus belle."

*** 

Quelques notes supplémentaires, un peu en vrac, car je suis un peu pressé par le temps (je dois rendre Vivonne à la médiathèque, j'ai déjà plusieurs jours de retard).

1/ J'ai écrit en février un article sur les Solitaires, autrement dit ceux qui avaient  choisi de vivre une vie retirée et humble à l'abbaye janséniste de Port-Royal des Champs. J'avais cité in fine l'essai de Pascal Quignard, Sur l'idée d'une communauté de solitaires (Arléa, 2015), que je lus le mois suivant. Dans la première partie, Les Ruines de Port-Royal, qui reprend une conférence donnée par deux fois en 2014, Quignard raconte, entre autres anecdotes, comment Jacqueline Pascal, la sœur de Blaise, quitte sa famille pour rejoindre le couvent. C'est Gilberte Pascal, la sœur aînée qui parle au début : 

"Ainsi elle se leva, s'habilla, et s'en alla, faisant ces actions comme toutes les autres, dans une tranquillité et une égalité d'esprit inconcevables. Nous ne nous dîmes point adieu, de crainte de nous attendrir, et je me détournai de son passage, lorsque je la vis prête à sortir. Voilà de quelle manière elle quitta le monde. Ce fut le 4 janvier  de l'année 1652, étant alors âgée de vingt-six ans et trois mois."

C'est le 4 janvier 1652 avant que l'aube soit parue. Blaise ne lui a pas dit un mot, ni la veille, ni le matin, alors qu'il sait qu'elle part, alors qu'il est là, dans la chambre d'à côté. Jacqueline Pascal est partie à jamais. Elle restera désormais à Port-Royal jusqu'à sa mort." (pp. 15-16)

Agnès Villehardouin est en somme la Jacqueline Pascal de notre temps. Dans Vivonne, on retrouve curieusement la trace des Solitaires, dès le prologue, où l'on découvre le personnage de Galia, dont il est dit qu'elle est une Solitaire, une de celles qui ne veulent pas vivre dans les communautés de la Douceur, qui ne veulent pas utiliser la langue des Amis : "Ses parents l'avaient laissé partir. Ils ne pouvaient pas faire autrement. On ne peut pas obliger les Solitaires à rester. Ils se réveillent un matin et tout leur est devenu insupportable, ils ont l'impression d'étouffer. La seule solution pour eux, c'est de prendre quelques affaires et de partir sur les chemins, au hasard, en ne s'arrêtant jamais plus de deux nuits au même endroit." (pp. 22-23) On retrouvera Galia dans l'épilogue, où elle vient en aide à Titos, un petit garçon qui a fui l'horreur des massacres perpétrés par ceux qu'on appelle les Autres :

"Elle sentait encore l'île, perdue à tout jamais :
- Tu aurais mieux fait de ne pas m'aider... Tu serais encore chez nous... dit Titos.
- Tu parles ! Seule ou presque dans un pays en ruine, qu'est-ce que j'aurais fait ?
- Tu es pourtant une Solitaire, non ? Une Solitaire, c'est fait pour être toute seule...
La bouche de Galia vient s'enfouir dans ses cheveux.
- Je viens de comprendre une chose, Titos. C'est un peu tard, tu me diras : une Solitaire n'existe que si d'autres Amis existent. Sans les Amis, je ne suis pas une Solitaire, je suis un fantôme. Même pas : je ne suis plus personne, je ne suis plus rien." (p. 404.)

 


2/ J'ai évoqué aussi en mars la mort du grand poète Philippe Jaccottet,  or celui-ci est mentionné au moment où Garnier, accompagné de Béatrice Lespinasse et de Chimène, la propre fille de Vivonne, parviennent à ce qui est sensé être le domicile du poète dans l'île de Syros, 3 odos Zoé Carelli à Posidonia. Mais la maison est vide, "comme le tombeau du Christ" :

"La pièce du bas était blanchie à la chaux, simple et propre. Je me suis rappelé la chambre de la rue de Maubeuge, j'ai retrouvé la même sérénité monastique. Une table, quatre chaises, une cuisine minimaliste. Au mur j'ai vu la citation de Rimbaud sur l'éternité retrouvée et, ce qui m'a surpris, une photo de la maison anglo-normande du 22, rue des Alouettes, à Carville.

Au premier, un lit à deux places, peu-être celui où il avait dormi avec Agnès, il y avait quarante ans et des poussières. Des livres empilés, dont l'Odyssée en grec et aussi dans plusieurs traductions dont celle de Jaccottet. Une strophe d'un poème du même Jaccottet m'est revenue à la mémoire. Je l'avais lue il y a très longtemps et elle a été cette nuit-là une révélation tant elle résumait qui avait ou avait été Adrien, je ne savais à quel temps conjuguer son existence. Il s'agissait d'un poème sur la beauté :

Elle n'est pas donnée aux lieux étranges
mais peut-être à l'attente, au silence discret,
à celui qui est oublié dans les louanges
et simplement accroît son amour en secret
." (p. 377)

3/ Enfin, je voudrais souligner la récurrence dans le roman de lieux proches de ma géographie personnelle : ainsi Châteauroux (par exemple, pages 220/221), La Châtre (où Chimène est contrainte de s'arrêter une semaine à cause d'un cyclone), le plateau voisin de Millevaches  avec la ville de Doncières, où l'on aura reconnu Eymoutiers (où nous campâmes cet été), mais surtout peut-être Argenton-sur-Creuse :

"Adrien connaissait bien cette ligne, vous savez, il l'aimait même... Vous vous souvenez du "Syndrome d'Argenton-sur-Creuse" ? Quand il décrit l'éblouissement en voyant par la vitre du train la petite ville surgir au détour d'une colline boisée, son envie de descendre et de de rester là pour toujours. C'est dans Entretien des ascenseurs, je crois, à moins que ce ne soit dans Défense des becs et des seins..." (p. 220)

Ce passage m'a frappé car je me demande si ce n'est pas un écho voulu à un autre écrivain cité dans le roman, que j'ai cité dans une ancienne chronique du 28 janvier 2011, Nomade #50 : Gare tapie dans la nuit, non pas sur ce site mais sur celui des Tasons :

"Tout chemin m'est bon dès que la voiture m'a hissé insensiblement - presque toujours, de quelque côté qu'on l'aborde, par de longues rampes douces - sur cette terrasse éventée de la France, où errer à l'aventure a quelque chose de plus grisant qu'ailleurs : même dans le Limousin, moins accidenté, plus monotone, la surprise s'embusque presque partout. Ainsi, alors que je roulais de Guéret vers Poitiers, dans la sombre petite ville d'Argenton-sur-Creuse, pour moi jusque-là seulement le nom d'une gare tapie dans la nuit qui marquait presque abstraitement (le long de la ligne Paris-Toulouse) le changement de rythme du convoi attaquant, dans un roulis ensommeillé, l'escalade des rampes de la Marche, et que je découvris, agglutinée au bord des eaux noires de sa rivière, bougeante, affairée, faite d'une seule et longue rue singulièrement populeuse, une coulée citadine inattendue cachée au creux de sa rainure feuillue, tout comme à Tulle ou à Aubusson." 

                              Julien Gracq, Carnets du grand chemin, José Corti, p. 70-71.

argenton-niveau.jpg
Souvenir d'une crue à Argenton-sur-Creuse

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* En cherchant à en savoir un peu plus sur Lorand Gaspar, j'ai découvert que ce grand poète est mort à 94 ans le 9 octobre 2019. Une disparition qui fut peu remarquée à l'époque, si bien qu'Antoine Perraud parla le 15 octobre dans Mediapart de disparition en tapinois. Il le désigne comme poète, chirurgien, photographe, arpenteur de paysages, fou des silences du désert, mais aussi ami du peuple palestinien. Ce qui résonne fort en ce moment d'embrasement de Jérusalem-Est. "Mobilisé en 1943, écrit Perraud, alors qu'il vient d'être reçu à l'école polytechnique de Bucarest, il est ensuite déporté dans un camp de travail, d'où il s'évade en 1945 pour gagner la France. Là, il étudie la médecine. Devenu chirurgien, il exerce à Jérusalem et Bethléem de 1954 à 1970, puis à Tunis, jusqu'en 1995. Elias Sanbar, délégué de la Palestine à l'Unesco, se souvient d'avoir découvert l'homme en tant qu'auteur d'une Histoire de la Palestine (1968, dans la « petite collection » de chez Maspero) : « À l'époque, il n'y avait quasiment aucun livre en français sur la question – la bibliographie était surtout en anglais et en arabe –, aucun livre de surcroît favorable à la cause palestinienne », se remémore Elias Sanbar pour Mediapart."


Dans un passionnant entretien avec Laurent Margantin, on découvre la place fondamentale qu'a occupé le passage à Jérusalem, tant pour le médecin que pour le poète :

Dans l´Essai d´autobiographie qui précède Sol absolu vous évoquez les années hongroises et les années de guerre, suivies du séjour en France, puis une expérience fondamentale pour vous, qui a été celle qu´on retrouve notamment dans Judée, je veux parler des années en Israël. Vous vous ouvrez alors à un tout nouvel espace physique, mais aussi culturel. Peut-on dire que c´est à cette période que, parallèlement à une activité professionnelle très chargée et astreignante, vous développez votre propre écriture poétique ? Vous parlez notamment des heures matinales : « J´avais ainsi, chaque jour, deux ou trois heures transparentes, miraculeuses, avant d´entamer une longue journée à l´hôpital. Le peu que j´aie réussi à lire et à écrire, je le dois à ces matins de Jérusalem… ». Comment percevez-vous aujourd´hui cette importance d´un espace et d´un temps précis pour le développement de votre poésie et de votre poétique ? Est-ce cela pour vous, l´écriture poétique : avant tout l´expérience la plus forte possible d´un lieu et d´un espace déterminés ?

Je dois d’abord vous donner quelques précisions. Quand j’avais posé ma candidature au poste devenu libre de chirurgien des hôpitaux français de Jérusalem et de Bethléem, je ne savais même pas que Jérusalem était une ville divisée. Engagé à fond dans mes études de médecine et ma formation de chirurgien, j’étais totalement ignorant de la situation géopolitique du Proche Orient. C’est seulement quand j’eus la surprise et la joie d’être convoqué aux Affaires Étrangères que je commençai à m’informer et c’est le chef de service auprès duquel je fus convoqué qui m’apprit que l’Hôpital Français de Bethléem se trouvait en Jordanie et que l’Hôpital Saint Louis de Jérusalem était située dans la partie israélienne de Jérusalem. Or la population essentiellement israélienne de la nouvelle ville était servie par d'excellents hôpitaux. Ainsi, peu de temps après le partage de la ville il était devenu clair que si on voulait continuer cette œuvre, il fallait tout faire pour la transplanter côté Est. Au moment où je devais partir, les Sœurs de Saint Joseph avaient installé un "hôpital provisoire" dans un hôtel assez spacieux dans la partie jordanienne de la ville, en attendant d'entreprendre la construction d'un nouvel hôpital. En effet, arrivé là-bas, la construction du nouvel hôpital français de Jérusalem fut très vite mise en chantier. Je passe sur les détails ; c’est pour vous dire simplement que les deux hôpitaux français dont je fus chargé sur le plan médical étaient situés, jusqu’à l’issue de la « guerre des six jours », en Jordanie.
Si je n’avais, en dépit d’une sérieuse surcharge de travail durant mes années d’études, jamais complètement renoncé à l’écriture, il est vrai que c’est après m’être installé avec ma famille (d’abord à Bethléem, puis très vite à Jérusalem Est), que je me suis remis plus sérieusement à écrire, le plus souvent, en effet, très tôt le matin, avant d’entamer mes longues journées à l’Hôpital.
Assurément, c'est un nouvel espace humain, historique, géographique et géologique assez complexe qui s'ouvrait à mes yeux, à mon expérience quotidienne d'y vivre. Je devais, en effet, faire, peu à peu, la connaissance d'une population essentiellement arabe (palestinienne), d'une langue et d'une culture que je côtoyais dans ma vie de tous les jours, en m'occupant de mes malades et en rencontrant leurs familles à l'hôpital autant que lors de mes escapades dans cette vieille ville à la fois fascinante et attachante." [...] (C'est moi qui souligne)

 

1 commentaire:

Doc a dit…

Lorand Gaspar est un de ces noms sur lequel beaucoup avons glissé sans se poser de questions. Et pourtant combien de surprises, Patrick le prouve, devrions nous manier à son propos : la définition d’appartenance, le chaos de la guerre, l’intelligence des langues et des hommes … En cherchant bien, on trouve même qu’il existe une édition d’une correspondance entre Georges Perros et Lorand Gaspar. D’autre part, Lorand Gaspar a écrit une histoire de la Palestine qui fut éditée par François Maspéro. Il y rejoint une galerie d’intellectuels pour lesquels Maspéro se donnait la volonté d’éditer au prix de complications éditoriales, politiques, activistes, complications qui eurent finalement raison de sa maison d’édition. Cela fait partie de l’histoire intellectuelle de la deuxième moitié du vingtième siècle et il faut y aller voire, non pour distribuer les bons et les mauvais points, mais peut-être pour vérifier ce qu’est l’organisation de la pensée. Les luttes géopolitiques elles, ne pensent pas : elles organisent leurs plans de batailles. Maspéro fut aussi ce champ de bataille dévasté.