Donc, à l'origine encore une fois, l'arrière-grand-père Maurice de Saxe, père prince polonais, mère germano-suédoise, et pourtant c'est en France, étonnamment, au service de Louis XV, que ce rejeton adultérin va connaître la gloire et gagner ses galons de Maréchal.
Maurice de Saxe (1696 - 1750) - Portrait par Quentin de La Tour, Gemäldegalerie Alte Meister (Dresde) - Wikipedia. |
Hans Christoff von Königsmarck by Matthaeus Merian the Younger |
Je n'ai jamais lu ce livre, mais le résumé de Wiki ne me laisse pas indifférent :
"L’histoire est celle de l’amour d’un jeune professeur français, Raoul Vignerte, pour Aurore, grande duchesse de Lautenbourg-Detmold.
En 1912, Aurore, originaire des steppes russes, épouse le grand-duc Rodolphe de Lautenbourg, héritier d’une petite principauté allemande. Mais celui-ci meurt mystérieusement à l’occasion d’une mission en Afrique. Vers 1913, Raoul Vignerte arrive au palais en tant que précepteur du fils du grand-duc Frédéric de Lautenbourg, beau-frère et deuxième mari d’Aurore, qui a hérité du grand-duché. Vignerte va s’éprendre de la fascinante Aurore, qui semble apprécier sa compagnie autant que celle de sa dame de compagnie, Mélusine. À l’intrigue amoureuse, s’ajoute celle, politique et policière, de la disparition de Rodolphe. Au moment où tout semble se dénouer, à l'été 1914, la guerre éclate entre la France et l’Allemagne."
Eh oui, encore une Aurore en première ligne. La notice d'ailleurs ne s'y trompe pas, affirmant que "Le personnage d'Aurore est probablement inspiré, au moins pour son nom, de Marie-Aurore de Königsmarck."
Plusieurs films naîtront de ce roman, dont celui d'un autre Maurice, Maurice Tourneur, en 1935, où Pierre Fresnay jouait Raoul Vignerte. Curiosité : Antonin Artaud faisait partie de la distribution et ce fut là, paraît-il, son dernier film.
Pierre Benoît s'était inspiré aussi de la mystérieuse disparition du frère de Marie-Aurore, Philipp Christoff, à Hanovre. Amant de la princesse Sophia Dorothea, femme du duc de Brunswick-Lüneburg, George Louis (qui deviendra George 1er roi d'Angleterre, et dont la propre maîtresse se nommait Melusine von der Schulenburg), il fut vraisemblablement assassiné à l'instigation de celui-ci, et son corps jeté dans la rivière Leine, lesté de pierres. C'est d'ailleurs en enquêtant sur la mort de son frère que Marie Aurore sera amené à rencontrer Frédéric-Auguste, prince-électeur de Saxe. Blaze en fait, par contraste avec celui de l'ancêtre soudard, le plus délicieux portrait :
"Aurore de Kœnigsmark est une des plus intéressantes apparitions que le XVIIIe siècle ait produites : d’une beauté délicieuse, d’un caractère enjoué, d’une irrésistible bonté d’âme, elle avait un de ces esprits élevés, honnêtes, délicats, dont le charme, digne d’être goûté en tous temps, se fait surtout sentir au lendemain de ces terribles commotions où la civilisation a couru le risque de périr au milieu des tourmentes sociales. Cette jeune femme, en quelque lieu et quelque période que le destin l’eût mise, méritait d’attirer les regards; mais, ainsi placée au cœur de cette Allemagne où régnaient naguère les mœurs barbares de la guerre de trente ans, il semble que sa valeur personnelle se dégage plus attrayante des ombres qui lui servent de fond, fraîche rose issue des ruines, diamant pur dans les ténèbres."
Comtesse Aurore de Koenigsmark (peintre inconnu) |
" Aurore de Koenigsmark fut faite, sur ses vieux jours, bénéficiaire de l’abbaye protestante de Quedlinbourg; […] elle mourut dans cette abbaye et y fut enterrée. […] j’ai dans ma chambre, à la campagne, le portrait de la dame encore jeune et d’une beauté éclatante de ton. On voit même qu’elle s’était fardée pour poser devant le peintre. Elle est extrêmement brune, ce qui ne réalise point l’idée que nous nous faisons d’une beauté du Nord. Ses cheveux noirs comme l’encre sont relevés en arrière par des agrafes de rubis, et son front lisse et découvert n’a rien de modeste ; de grosses et rudes tresses tombent sur son sein ; […] J’avoue que cette beauté hardie et souriante ne me plaît pas. "
George Sand, Histoire de ma vie, t. I, p. 30
George Sand est à l'évidence beaucoup moins emballée par la jeune dame que notre cher Blaze de Bury, dont on peut d'ailleurs raisonnablement douter de la fiabilité quand il décrit que "ses cheveux étaient d’un certain blond qu’on a depuis appelé blond suédois."...
Bon, je constate que je me suis lancé, presque malgré moi, dans un vaste feuilleton, et qu'à tirer les différents fils biographiques qui sont apparus ici et là, je n'ai en somme qu'esquissé la saga des Aurore et des Maurice. La suite au prochain numéro.
2 commentaires:
Merci une nouvelle fois Patrick d'élargir nos connaissances et d'ouvrir des chemins nouveaux sur les origines de notre "bonne dame de Nohant"
Merci Aurore !
C'est vraiment formidable que tu sois la première à poster un commentaire sur un article résolument consacré aux Aurore !
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