Tim Ingold, Une brève histoire des lignes, Zones Sensibles, 2011, p. 137
Je viens d'achever ce matin la lecture du livre magnifique de Jean-Claude Schmitt, Les rythmes au Moyen Age,*acheté aux Rencontres de l'Histoire à Blois, en octobre dernier.
L'ouvrage se présente sous forme de rouleau (volumen), support qui se prête mieux que le codex (forme actuelle du livre) au tracé des généalogies (les trois quarts des généalogies royales anglaises étaient encore établies sur rouleaux entre 1262 et 1327). L'exemplaire conservé à Paris, à la Bibliothèque de l'Arsenal, ne mesure pas moins de 8,75 mètres de longueur pour 40 centimètres de largeur.
Au centre, la ligne généalogique du Christ |
Le manuscrit ne se contente pas d'égrener la généalogie biblique, il se poursuit, sans rupture et sans changement de forme graphique, avec la chronologie des papes et des empereurs depuis la naissance du Christ jusqu'à la mort de Frédéric II (1250) et l'intronisation de Benoît XII (1334).
"C'est dire l'importance et l'efficacité de la ligne comme un mode de pensée figuratif, dont Tim Ingold a proposé une interprétation anthropologique générale." Cette appréciation de J.C. Schmitt renvoie à l'ouvrage cité en exergue, Une brève histoire des lignes, que je connaissais déjà, pour l'avoir lu avec passion en avril 2014. Ceci à mon sens éclaire la présence maintes fois signalée d'alignements dans ce que j'ai coutume d'appeler la géographie sacrée d'un pays donné.
Dans le chapitre du livre où j'ai puisé cette citation, intitulé La lignée, Tim Ingold présente une autre figure généalogique plus récente mais qui présente la même ligne centrale que le manuscrit médiéval, et des rondelles similaires pour désigner les personnes.
Il commente ainsi cette figure : "Arbor consanguinitatis français du XVIIIe siècle. Le visage au centre du tronc représente l'Ego. Au-dessous de lui, le long du tronc, figurent quatre générations d'ancêtres. La parenté patrilatérale est représentée à gauche, et la parenté matrilinéaire à droite. Les chiffres arabes et romains indiquent le degré de consanguinité respectivement selon la loi civique romaine et le Canon de l'Eglise. Source : Domat (1777, I, p. 405)"
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* Jean-Claude Schmitt, Les rythmes au Moyen Age, Bibliothèque illustrée des Histoires, Gallimard, 2016
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