Le troubadour Marcabru avait aussi parfois évoqué dans ses chansons le roi Arthur et ses aventures, ce que l'on appelle la matière de Bretagne, à laquelle les Plantagenêt étaient particulièrement attentifs : "
Il y avait là, explique Amaury Chauou,
des arrière-pensées politiques, dans la mesure où la figure prestigieuse d'Arthur comme roi et chef de guerre breton pouvait fournir à la monarchie Plantagenêt la légitimité historique dont elle avait besoin, notamment vis-à-vis de la dynastie capétienne." Aussi ne s'étonnera-t-on pas qu'un moine de la cour d'Angleterre soit l'auteur de ce
Roman de Brut où apparaît la Table ronde : il ne s'agit donc pas là d'un troubadour occitan mais de ce
Robert Wace dont j'ai déjà parlé
ici, qui en sera récompensé par un office de chanoine à Bayeux. A qui dédie-t-il l'ouvrage ? Rien moins qu'à
Aliénor d'Aquitaine.
L'autre œuvre majeure de Wace est le
Roman de Rou, également dédié à Aliénor d'Aquitaine et Henri II. Celui-ci lui aurait commandé cette épopée nationale de la Normandie, qui raconte son histoire et celle des Vikings depuis Rou ou Roll, c’est-à-dire
Rollon.
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Wace présentant le Roman de Rou à Henri II (1824) |
Toutefois, il semble que ce nouveau roman n'ait pas beaucoup plu à Henri II. Wace abandonne d'ailleurs son récit "
avant la fin en informant le lecteur dans les dernières lignes de la IIIe partie que le roi avait confié la même tâche à un certain « Maistre Beneeit », dont on pense qu’il s’agit de Benoît de Sainte-Maure. " (Wikipedia).
Citons un dernier poète anglo-normand,
Thomas d'Angleterre, clerc à la cour d'Aliénor et d'Henri II. Il compose vers 1170, c'est-à-dire à l'époque où Aliénor réside à Poitiers, un
Roman de Tristan dont six fragments seulement nous sont parvenus. C'est une version différente de celle de Béroul rédigée à la même époque.
"Le conflit féodal entre Marc et Tristan est laissé de côté. Discours et
monologues se multiplient afin d’expliciter les sentiments des
personnages. Certes il redit la force de l’amour qui unit les jeunes
gens, mais a surtout le désir d’adapter cette histoire aux exigences de
la fin’amor : la passion n’est pas due à la magie d’un
philtre, mais au choix de chacun des amants pour l’autre. La
culpabilité n’existe pas car la conduite de Tristan et Iseut se
justifie ici totalement par la morale courtoise qui exalte l’amour
adultère."(Danielle Quéruel, BnF)
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