mercredi 17 octobre 2018

L'or sous le groin

Le 2 octobre, j'ai donc recommencé à écrire sur ce blog, et très vite, un nouveau champ de forces s'est dessiné. Des liens se sont tissés entre les divers éléments, essentiellement littéraires, qui avaient attiré mon attention. J'ai éprouvé le besoin aujourd'hui de réaliser la carte heuristique de ce que je nomme parfois une constellation. Ce n'est pas la première fois que je m'adonne à cet exercice, et il m'est arrivé d'élaborer des cartes encore plus vastes, comme ici en janvier 2013, mais il faut considérer que tout ceci a émergé en deux semaines, et que de nouvelles connexions, déjà repérées mais que je dois expliciter dans les prochaines chroniques, vont être établies. Il s'agit là de l'état des lieux au 17 octobre 2018.


Les personnes sont inscrites dans des rectangles bleus, les œuvres apparaissent en violet, enfin les thèmes ou les motifs sont en vert. Les deux nœuds centraux, vers lesquels convergent le plus de lignes, sont William Blake et le silence.

La ligne rouge n'est autre que la dernière correspondance repérée, enregistrée ce soir-même.
Dans cette nébuleuse où les poètes ont la part belle, cette ligne relie deux d'entre eux, que je ne connaissais encore que de nom au début du mois. Ils portent tous les deux le même prénom de Jean-Paul (même si Auxeméry tend à le faire disparaître sur la couverture de ses livres). Ils me sont donc parvenus par deux canaux différents, et je ne soupçonnais rien d'une quelconque affiliation.
Or, assez  vite, à les lire il m'apparut une certaine proximité dans la tonalité de l'écriture : une semblable pugnacité dans l'expression, dans la façon de se confronter au réel. Et puis il y avait cette esperluette, &, qu'Auxeméry emploie systématiquement à la place du "et", et que l'on retrouve dans le nom de la maison d'édition de Jean-Paul Michel, William Blake & Co.
Ceci n'était tout de même pas suffisant pour apparier les deux poètes. 
Mais ce soir, en refeuilletant l'épais volume de Failles/traces - dont je n'ai lu, ce qui s'appelle vraiment lire quand il s'agit de poésie, que quelques pages -, à la recherche d'un mot qu'il m'avait semblé y avoir aperçu (et qui demeura invisible), je découvris, presque à la fin de l'ouvrage, un poème nommé Coda, qui était précisément dédié à Jean-Paul Michel (en musique, une coda (de l'italien « queue ») est le passage terminal d'une pièce ou d'un mouvement : la relation avec Jean-Paul Michel n'en était que plus cruciale).
Les premiers vers sont immédiatement dans cette veine âpre, combattante que j'évoquais à l'instant :

                                   ta langue, ta langue,
                                            garde ta langue
                                                          écorche, lape

                                            lèche la cicatrice -

Veine qui ne se démentira pas, qui courra jusqu'au bout des trois pages du poème, où je fis aussi butin en passant d'un nouveau vertige :

                                  l'or sous le groin, ce porc truffier :
                                                cave, fouille, froisse

                                  ce cerf à l'assaut des vignes, dans la nuit :
                                                vendange

                                  et ces rapaces, ces rapaces qui fondent,
                                                coupent la course de leur proie :
                                                viole l'air, ainsi, dépèce -

                                  enfin tout le vertige de mots crus,
                                                massacres, arguments de hache -

Cette rencontre montre bien l'intrication grandissante dans la nébuleuse.


Rue du 3ème RAC

 PS : Blogger transforme les belles esperluettes en & assez moches, désolé.
La vraie esperluette c'est ça (cf. Wikipedia) :



 

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