L'autre direction cardinale issue de Saint-Genou que je n'ai pas encore exploré est bien sûr le parallèle,
l'axe est-ouest balisant l'horizon équinoxial. Si le parcours vers
l'ouest ne donne rien de probant, en revanche la visée orientale est
particulièrement suggestive.
Traversant la Champagne berrichonne et rasant la ville d'Issoudun, elle atteint le village de Saint-Ambroix,
à la limite du département du Cher. Quel lien peut-il bien avoir avec
Saint-Genou ? C'est en me plongeant dans l'hagiographie du saint avec
le livre toujours aussi précieux de Mgr Villepelet que je l'ai
découvert : il s'agit ni plus ni moins que de la ville de Cahors.
On se souvient que saint Genou
avait été évêque de Cahors avant de se rendre en Berry, et qu'il avait
eu maille à partir avec le préfet Dioscorus qu'il avait néanmoins fini
par convertir. Or, Ambroix, dont la vie est connue selon deux sources
dont l'une est un très ancien bréviaire de Bourges, est donné lui aussi
comme évêque de Cahors. Cette rencontre n'est assurément pas
fortuite, d'autant plus que Saint-Ambroix est un toponyme très rare en
France (il n'en existe qu'un autre, dans le Gard).
Villepelet place l'épiscopat d'Ambroix dans la seconde moitié du VIIIe siècle (par déduction, car les deux Vitae
ne donnent aucune indication chronologique). Il raconte que désespérant
de ses ouailles dont la corruption des mœurs lui semblait
irréductible, il se dirigea avec son ami Agrippinus
vers le tombeau des
saints Apôtres. C'est donc en revenant de Rome, et après avoir visité à
Tours l'église de Saint-Martin, qu'il fait halte quelque temps au
village des bords de l'Arnon qu'on nommait alors Ernodurum. Et qui devint donc Saint-Ambroix, car c'est là qu'"il s'endormit dans le Seigneur, au milieu d'octobre, aux environs de l'année 770".
La marque de saint Martin,
dont nous avons vu l'importance dans la thématique liée à saint
Genou, se retrouve donc ici à Saint-Ambroix. Les alentours même du
village recèlent plusieurs indices :
Le village de Saint-Hilaire, située sur la rive gauche de l'Arnon, est limitrophe de Saint-Ambroix et l'on peut voir un bois de Saint-Martin au sud-est, en bordure de département. Hilaire, précisons-le, est l'évêque de Poitiers chez qui Martin, une fois baptisé et libéré de ses obligations militaires, vint chercher protection. C'est sur un domaine donné par Hilaire lui-même qu'il fonda une abbaye à Ligugé en 361. Toujours active à ce jour, elle est le plus vieil établissement monastique d'Occident.
Notons enfin, et ce sera tout pour l'instant, que le point médian entre Saint-Genou et Saint-Ambroix est situé sur le lieu-dit Les Chapelles, près de Brion. Rappelons que le mot même de chapelle vient "du latin populaire capella, diminutif de cappa, "manteau
à capuchon" (cape, chape), attesté en latin médiéval (679) pour
désigner le manteau de saint Martin, relique conservée à la cour des
rois francs. Par extension, capella en vint à désigner le trésor des reliques royales et l'oratoire du Palais Royal abritant ce trésor." (Robert, Dictionnaire Historique de la Langue Française, p. 389)
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