dimanche 19 avril 2020

La guerre des virus

Samedi soir, sur Arte Journal, à la rubrique culturelle qui clôt en général ce bulletin, de loin préférable au ressassement infini des chaînes d'info en continu, avec leur défilé d'experts et d'éditorialistes calamiteux, il fut question des artistes qui ont vu, à cause de la pandémie, leur travail interrompu en plein processus créatif. Et de citer le cas de Brigitte Maria Mayer, la veuve du poète et dramaturge allemand Heiner Müller. Dès les premières secondes du reportage, je fus saisi, de la même manière que je fus très récemment frappé, en visionnant un documentaire sur Kubrick, de l'apparition de Hal 9000, qui figurait sur la première de couverture de La Vitesse des choses.

Le thème de son travail photographique, inspiré de Germania, mort à Berlin une pièce de Heiner Müller, était une épidémie selon l'Apocalypse de saint Jean. Elle s'y représente en mariée vêtue de peaux de moutons.


Mais ce n'est pas  la figure humaine qui me retient, c'est le fond, cette enveloppe dorée traversée de coulures noires, cette luminescence sublimant les empreintes qu'on dirait d'un suaire. Et cela me parle parce que cette lumière  je la connais, je l'ai vue la veille même.
C'est celle de l'église bunker créée par Virilio et Parent, c'est celle de Sainte Bernadette  du Banlay à Nevers.

Sainte Bernadette du Banlay à Nevers (France), vue intérieure (crédit Jean Richer, 2019)
Dans la pièce de Heiner Müller, il était question de "guerre des virus", et il agitait l'idée que Dieu n'était ni un homme ni une femme, mais un virus...
Je ne sais pas si cela aurait fait rire le chrétien Virilio...

Le reportage en entier :


Sur la pièce de Heiner Müller elle-même, j'ai fait quelques recherches : elle a été rejouée au Volksbühne de Berlin, en octobre 2019. Certaines photos de la mise en scène résonnent étrangement avec l'actualité.



Ajout du 27 avril : Ceux que cela intéresse pourront prolonger avec le très riche article que Bernard Umbrecht a publié sur La guerre des virus sur son site Le sauteRhin, que je me félicite encore une fois d'avoir intégré dans la catégorie Autres sentes.

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