vendredi 13 janvier 2017

# 11/313 - Prisoner of literature

"Des mois plus tard, nouveau malentendu, équivoque heureuse également, particulièrement créative. DGF m'a proposé par mail une conférence sur Georges Perec, en rapport avec une installation qu'elle préparait pour le Musac de Leon qui s'appellerait Nocturama, clin d'oeil évident à un ténébreux jardin zoologique rencontré par W.G. Sebald près de la Centraal Station d'Anvers qui apparaît au début de son roman Austerlitz." 
Enrique Vila-Matas, Marienbad électrique, p. 71 


Sebald : non seulement il s'agit du troisième "écrivain de la coïncidence" que j'ai signalé, mais cette allusion au Nocturama trouve une résonance dans mon étude de juillet 2016, où je traite longuement de Sebald et évoque précisément ce Nocturama d'Anvers à travers un parallèle avec un film d'Arthur Harari sorti en ce temps-là, Diamant noir.


Quelques jours après avoir accepté la proposition de conférence de DGF, Vila-Matas dut se rendre à Bruxelles pour raisons familiales, et son neveu Paolo lui proposa alors d'aller faire un tour à Anvers.
"Je ne me suis souvenu, dit-il, de DGF et du roman de Sebald que lorsque nous nous sommes retrouvés à l'intérieur de l'impressionnante Centraal Station." Bon, là, j'ai un peu de peine à le croire, surtout qu'ils sont allés en voiture à Anvers et que, a priori, ils n'avaient donc rien à faire à la gare...
Sinon la visiter parce qu'il savait très bien l'importance qu'elle avait dans la dernière oeuvre de Sebald...
Mais ceci n'a pas d'importance. Encore une fois , réel ou fictif, ici peu importe. Il ajoute ensuite qu'il ne se souvient pas d'avoir parlé de Sebald à son neveu, "car son intérêt perdu pour la littérature s'était déplacé dans les dernières années vers l'ingénierie aéronautique." Mais il se souvient fort bien, en revanche, d'avoir envoyé une carte d'Anvers à DGF, ajoutant que ce n'est pas parce qu'il a une mémoire d'éléphant mais parce qu'elle en a parlé dans un texte publié dans une revue japonaise où elle évoquait ses relations avec lui : "Le jour où je suis arrivée à l'hôtel de Grenade, le hasard a voulu que je remplisse ma fiche en même temps que lui : chacun était sur son quant-à-soi. Le lendemain, nous avons tous les deux une longue interview avec Obrist. Et depuis, nous avons continué à nous revoir [...].  Nous pouvons passer une période sans nous écrire et, tout à coup, j'ai des nouvelles de lui, comme lorsque, arrivant du néant, j'ai reçu une carte postale de lui envoyée de la gare ferroviaire centrale d'Anvers, celle qui occupe une place prépondérante au début d'Austerlitz de Sebald."

DGF- Shortstories-Esther Schipper - Berlin, 2008.

Dans une installation vidéo de 2008, Shortstories, présentant trois films, DGF écrivait sur le mur d'entrée : “Ayant été prisonnière de la littérature pendant au moins 2 ans, captive d'un triangle composé d'Enrique Vila-Mata, Roberto Bolano et W.G. Sebald, 3 enfants de Robert Walser et J.L. Borges, il m'est impossible de présenter autre chose ici que ces 3 courtes histoires qui peuvent être vues et lues dans n'importe quel ordre.”

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