Mon article pariétal mentionnant John Berger a déclenché quelque écho chez l'ami Jean-Claude, qui a eu l'heur de rencontrer le grand écrivain anglais qui aimait tant la France et ses paysans. C'est avec plaisir que j'accueille une nouvelle fois ses souvenirs et réflexions.
"Et tout s'enchaîne ? Diable, diable ... Bravo pour rendre hommage à John Berger.
Il se trouve que j'ai interviewé John Berger fin 1992. C'était pour
le journal de la Confédération Paysanne, parution février 1993. Il
habitait en région parisienne quand il n'était pas en Savoie. Il était
arrivé en moto, avait plutôt le physique d'un lutteur
et pas du tout d'un intellectuel qu'il était pourtant. Il parlait un
français parfait avec un accent angliche délicat !
Plutôt que par sa démarche artistique dont je n'étais pas très sûr de
saisir les différents aspects (politique, sensualiste, ...) j'avais été
très impressionné par sa vision de la paysannerie française qui, pour
lui, (et il avait raison) existait encore
alors qu'en Angleterre il n'en restait absolument rien : tabula rasa.
Dans les hommages que j'ai lus suite à son décès, cet aspect
fondamental de l'originalité de J Berger me parait relativement passé
sous silence.
Des paysans, il avait en parlé dans "la Cocadrille" (Mercure de
France, 1981), et on pourrait reprendre les lignes qu'il a écrites dans
son épilogue historique sans en changer un seul mot. Cela se termine
ainsi : "Henry Ford fit une remarque, généralement
sous-estimée : "L'histoire, c'est de la foutaise"; il savait ce qu'il
voulait dire. Détruire les paysanneries du monde pourrait être le
dernier acte de l'élimination de l'histoire."
En relisant ces phrases je me demande si John Berger savait que Ford
n'avait pas, à proprement parler, inventé les chaînes de construction de
voitures : il s'était simplement inspiré des chaînes d'abattage
inventées, elles, à Chicago. C'est en abattant les
animaux que la taylorisation s'est inventée !
Olivier Perrier, des fédérés de Montluçon était un ami de Berger et
avait monté une pièce écrite par J Berger, "Les trois chaleurs", dans
laquelle, bien entendu, Olivier avait pu mettre sur le plateau des
animaux domestiques.( Au théâtre de l'Est Parisien,
bondé, il y avait probablement au moins quatre ou cinq chaleurs ...!)
A bientôt et avec mes amitiés,
Jean-Claude "
Pour lire l'article de Jean-Claude dans "Campagnes solidaires".
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