mardi 20 mai 2025

Au milieu du chemin de notre vie


Au milieu du chemin de notre vie
Je m’égarai en forêt très obscure
De la voie droite que j’avais suivie.

 
Dante, La Divine Comédie (trad. André Markowicz)
 
17 mai 2025, ma fille Pauline a eu 35 ans. La veille, elle se faisait opérer à Grenoble pour une rupture des ligaments croisés (survenue à la suite d'une méchante chute de ski). Je pensais à elle tous ces jours-ci en lisant La Chair du monde, entretiens de Jean-Marc Rochette avec Adrien Rivierre (Allary 2025). 
 
 
Je ne pouvais oublier cette belle surprise qu'elle nous fit quand nous vînmes en août dernier à Grenoble. A peine arrivés dans la ville, elle nous conduisit place Notre-Dame et nous sonnâmes au pied d'un bel immeuble. On nous ouvrit et nous montâmes au second ou au troisième étage, je ne sais plus, par un large escalier éclairé de vitraux, jusqu'à la galerie des Étages, galerie ouverte par Jean-Marc Rochette qui ne se visite que sur rendez-vous. Il s'en explique lui-même dans l'un des entretiens : "Je veux qu'il y ait une démarche intentionnelle de venir et de s'intéresser. Je veux créer des rituels, comme une procession."
 
Ce fut passionnant de découvrir en toute quiétude (nous étions les seuls visiteurs) les différentes pièces abritant quelques planches de bande dessinée, mais surtout des tableaux de Rochette, et des œuvres d'autres artistes amis. 
 

 
L’Incendie, 2011, huile sur toile, 180 x 250 cm.
  
Nous avions visité ensuite le Musée de l'Ancien Évêché, tout proche. Enfin, seulement le sous-sol qui abritait un ancien baptistère, et une exposition sur les Tairraz, quatre générations de guides photographes de haute montagne. J'y retrouvais cette photo de Gaston Rébuffat qui était en une du journal Ouest-France quand il annonça la mort accidentelle d'Albert Camus. Photo que je reliais alors à la couverture de l'album Ailefroide Altitude 3954, de Jean-Marc Rochette précisément, que j'avais lu quelques jours plus tôt (voir l'article d'Alluvions du 26 janvier 2020)
 

 

La photo de l'expo grenobloise

Cette retrouvaille avec la photo réactivait en somme la synchronicité de janvier 2020. "(...) sans que je puisse l'expliquer, dit Jean-Marc Rochette, j'ai toujours cru aux synchronicités jungiennes, c'est-à-dire à la coïncidence d'événements dans l'espace et le temps. Alors que j'aurais dû être broyé par la vie à plusieurs reprises, des opportunités ont émergé. J'ai alors emprunté ces chemins, qui m'ont permis de me découvrir et d'être toujours plus aligné avec mon être le plus profond. Et plus j'avance, plus je suis aligné et plus la magie opère." (p. 25-26)
 
Il revient dans le dernier entretien sur ces fameuses synchronicités : "Comme je te le disais également, je crois aux synchronicités jungiennes, à ces choses qui a priori n'ont pas de rapport entre elles mais qui tout à coup s'associent. Ce fut le cas hier quand nous parlions de mon inquiétude quant à la marche du monde, qui faisait écho à la pluie diluvienne qui agitait le Vénéon." (p. 161)
 

 

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