jeudi 30 novembre 2017

# 286/313 - Une vie radieuse

20/11 - Le Corbeau, In the heat of the night, la soirée avait été dense et pourtant elle ne devait pas s'arrêter là. A minuit passé, je jetai un coup d’œil sur le dernier film mis en ligne sur Mubi. Surprise : c'était un court métrage qui me renvoyait directement au Corbusier.


Images d'archives et tournage contemporain dans un appartement de la Cité Radieuse composent ce film de dix-sept minutes, que Mubi étiquète comme drame, ce qui est un peu excessif.


Le film ne dit pas par exemple que sur le toit de la Cité Radieuse, dont il présentait la vue ci-dessus, existait une école maternelle dont la directrice, Lilette Rippert, fut une des messagères de l'esprit corbuséen. Dans une lettre que l'architecte lui adressa le 21 février 1955, il écrit : "Vous êtes quelque part là-haut dans ce grand navire avec les gosses à l'âge le plus miraculeux comme une déléguée du Bon Dieu. Je vous ai une grande reconnaissance d'avoir apporté une âme à cette entreprise locative."

Enfants sur le toit-terrasse de la Cité Radieuse, Louis Sciarli (1952)

François Chaslin évoque Lilette dans son livre, page 434 :
"Elle avait été enthousiaste, Lilette, pionnière, pleine de joie de vivre, elle l'était toujours. Le Corbusier l'avait appelé Madame Oui. Durant vingt-sept ans, elle avait dirigé l'école maternelle de la Cité [...] L'institutrice était une disciple du pédagogue rebelle Célestin Freinet, autrefois révoqué par Anatole de Monzie, en 1933. C'était une adepte de l'expression corporelle, de la céramique et du dessin, de ce qu'on appelait alors les "méthodes actives". Et les images de ses élèves (notamment celles effectuées par Louis Sciarli, photographe industriel occupant l'appartement 13, et celles prises en 1959 par René Burri), les photos de ses élèves jouant, dansant, levant les bras devant la maîtresse en pull jacquard et se pressant, fragiles, entre les parois rêches du béton brut, escaladant le faux rocher de ciment en montrant leur culotte, de ces gosses se bousculant dans la pataugeoire sur la terrasse de l'immeuble ont fait le tour du monde. Elles restent parmi les joli témoignages d'une libre pédagogie, en contraste, en symbiose aussi avec cette architecture d'exception, rude et belle."
Le lendemain, S. (point au courant, je pense, de mon intérêt du moment pour Corbu) me proposa un livre d'architecture qui allait passer au pilon si je ne daignais pas le recueillir. L'ouvrage en effet n'était pas de première fraîcheur, présentant une architecture contemporaine qui avait un demi-siècle d'âge.
Il n'en était pas moins intéressant, avec quantité de plans et de photos remarquables. Et puis, cerise on the cake, il avait été édité en 1967 :

Et bien sûr, Corbu y avait de nombreuses entrées.

Le Corbusier, Plan d'une ville de trois millions d'habitants (1922).

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