J'ai raconté récemment comment Aurélien, le roman d'Aragon, a croisé ma route. De fait je n'ai jamais lu cet ouvrage, et l'envie pointa d'y jeter au moins un œil. A la médiathèque, que je hante décidément souvent ces temps-ci, je décide d'aller voir au rayon Aragon. Et je me dis que si le volume est par hasard disponible, je l'emprunterai peut-être. Mais je n'ai pas eu à me poser cette question, car, surprise, au rayon Aragon c'est la misère. Un seul volume : La sainte Famille. Juste au-dessus, Jean Anglade, écrivain considérable il va sans dire, s'honore d'une belle longueur de titres. Un seul Aragon. Je n'en reviens pas. Comment un des immenses écrivains français du XXe siècle peut-il être réduit à un seul titre dans les rayonnages d'une grande bibliothèque qui a vocation à promouvoir la littérature ? Je ne doute pas qu'en magasin, dans les réserves, on ne retrouve Aurélien, et bien d'autres livres d'Aragon, mais le magasin c'est l'invisibilité, la ressource des déjà lettrés. Médiathèque, je t'aime, mais je ne te comprends plus très bien.
Par bonheur, j'ai retrouvé Aurélien. Il était à Guéret. Je m'explique : vendredi et samedi dernier, je suis allé pour la première fois aux Rencontres de Chaminadour. Dont le maître d'ouvrage était cette année le jeune écrivain Arno Bertina, autour de l’œuvre de Svetlana Alexievitch, prix Nobel 2015, invitée bien sûr mais qui ne put quitter sa Biélorussie natale pour rejoindre la Creuse. Conférences et tables rondes au Théâtre de la Fabrique, au coeur de la ville. C'était toujours instructif et parfois passionnant, drôle et tonique. Un événement de cette ampleur mériterait d'être mieux connu, au moins dans l'Indre : il ne me semble pas que nous étions nombreux, les Berrichons, à assister aux débats. C'est comme si la frontière était encore bien présente entre les deux pays.
C'est donc là que j'ai retrouvé Aurélien, dans le hall du théâtre. Dans une vitrine, il s'affichait sans complexe, dans une édition Folio récente :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire